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Ici Japon - Forum • Consulter le sujet - [Art] La cérémonie du thé / Chadô
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 Sujet du message : [Art] La cérémonie du thé / Chadô
 Message  Publié : 26 Juil 2006, 19:37 
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Inscription : 30 Juil 2005, 17:52
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Localisation : Japan, Morioka
Un art qui n'a pas été encore décrit sur ce forum, si ce n'est brièvement dans la partie "Japon en mille morceaux".

Je m'y lance donc, en développant trois grandes parties:

[center]Les origines.[/center]
[center]L'évolution de la cérémonie, ses influences, ses acteurs.[/center]
[center]De nos jours.[/center]

Une quatrième partie sera faîte pour la conclusion + les sources, et d'éventuels rajouts. Voili voilou!


1) Les origines

Le thé :

Le thé provient d'un arbre à feuilles blanches, le théier, originaire du sud de la Chine. Il en existe quinze catégories et deux cent soixante espèces. Il est cultivé pour ses feuilles contenant des alcaloïdes (substances chimiques à forte action thérapeutique).
Les théiers, arbre d'une quinzaine de mètres de haut, auraient été découverts dans le sud de la Chine pendant la dynastie des Tang (616 à 907). Au Japon où il est maintenant cultivé il est devenu un arbuste, plus petit, pour faciliter la cueillette.
Les feuilles sont récoltées jeunes, puis séchées pour donner du thé vert, ou fermentées puis séchées pour avoir du thé noir.
Voici toutes les variétés de thé vert :

- THÉS NOIRS

Les thés noirs sont obtenus à l'aide de feuilles plus âgées. Leur goût fort provient d'une importante fermentation qui transforme la couleur de la feuille en un brun noir.


- THÉS VERTS

Ce sont des thés non fermentés. Ils sont faits à partir de feuilles passées à la vapeur et roulées sur des nattes.
On chauffe les feuilles pour terminer la fermentation. Ce sont des thés clairs, légèrement amers et bus pour leurs vertus thérapeutiques.


- THÉS OOLONG

Sont appelés Oolong un mélange de thés verts et noirs chinois. Ils ont à la fois la légèreté des thés verts et le goût plus corsé des thés noirs.


- THÉS BLANCS

C'est le thé le plus rare. Il est produit exclusivement en Chine. Il est formé d'une sélection des dernières pousses dont l'infusion est de couleur or pâle.


Mais la Chine reste cependant le pays d'origine, également pour la coutume de confectionner une boisson chaude à partir de ses feuilles.


Légende :

Une légende japonaise et indienne nous parle de Bodhidharma, un prince indien qui au 6ème siècle partit en Chine prêcher le bouddhisme et fonda la secte Châ'an. Cette dernière se développa au Japon, près de six siècles après, sous le nom de zen.
Il fit le voeu de ne jamais dormir afin de ne pas voler un seul instant à sa mission. Malgré tout, un jour, épuisé il tomba de fatigue sur le bord d'un chemin. Et, pire encore, il rêva de femmes. A son réveil, ivre de colère, il s'arracha les paupières et les jeta. Quelques années plus tard, en repassant à l'endroit même où il avait jeté ses paupières, il s'aperçut que deux arbustes avaient poussé, des arbustes dont les feuilles avaient le pouvoir de maintenir l'esprit en éveil.
Il décida de consacrer la fin de sa vie à la méditation, il s'installa alors face à un rocher. Au bout de quelques années, lassé, il eut le geste curieux d'arracher des feuilles de l'arbuste qui poussait à proximité et de les mâcher. Il découvrit alors que ces feuilles permettaient à l'esprit de rester dans un état de concentration, tout en chassant l'ennui. Il put ainsi poursuivre, sans bouger, sa méditation pendant neuf années durant lesquelles il perdit l'usage de ses jambes.
Son image finit par se graver sur le rocher.
Cette histoire reste une légende, parmi les nombreuses qui accompagnent la découverte du thé.


L'introduction au Japon :

Le thé est importé au Japon pendant l'ère Heian 平安時代, par des moines japonais revenus de leurs études en Chine. Ils introduisent ce savoir-faire à la cour de l'empereur Saga.
Cet empereur, dont le règne s'étend de 809 à 823, aime particulièrement le raffinement du thé, qu'il goûte pour la première fois servi par le moine Eichû. Grand admirateur de la Chine, il introduit ce met dans les banquets et réunions poétiques de la cour impériale.
A la mort de l'empereur, seuls les moines continuent de consommer ce breuvage, dans leur monastère. D'autres ingrédients comme le gingembre ou le sel y sont ajoutés.
Sur le continent, les méthodes de conservation du thé évoluent, pour arriver à une forme finale en poudre, permettant une infusion immédiate.
C'est sous cette forme qu'il revient au Japon au 13ème siècle, re-introduit par le moine Eisai. Il sera adopté par les monastères Bouddhiques, les moines l'utilisant pour rester éveillé lors de leurs longues méditations et pour garder leur concentration. Le moine, insiste sur les vertus médicinales du thé par le biais du premier ouvrage japonais sur ce sujet, le KISSA YÔKÔGI (La protection de la santé par le thé).
La cérémonie nécessite un environnement, un lieu, une architecture et des objets (dans un premier temps d'origine chinoise) propres à cette pratique. Cet intérêt pour les objets d'origine chinoise joue un rôle fondamental dans l'élaboration des règles qui vont s'établir progressivement autour de la cérémonie du thé. La Chine est encore à cette époque le grand foyer culturel du Japon.
Eisai implante des théiers dans les monastères, et confie également du thé à un autre moine, Shônin à Kyôto, qui le cultive à Toganoo, au nord ouest de la capitale. C'est le début de la propagation de la culture du thé dans le pays, avec, pour référence, le thé de Toganoo qui prend l'appellation de HonCha 本茶. Le thé de Uji, au sud est de Kyôto, supplante au cours de l'époque Muromachi 室町時代 (1336-1568) celui de Toganoo.
La diversification des origines et l'implantation de cette culture au sein de la société donne lieu à des concours de thé, appelés Tôcha. Le choix des objets utilisés se développe dans ses rencontres. Les participants devinent les différentes provenances de thé, rivalisant d'extravagance dans le choix des objets utilisés.
Des règles de vie collective introduites dans les monastères zen japonais, au milieu du 14ème siècle, dictent la préparation et la consommation du thé. Les seigneurs féodaux de l'époque se réunissent pour boire du thé, lors de cérémonies qui seront la première forme de ce que l'on appellera le Chanoyu, ou 茶のゆ.
A cette période, les premiers objets rituels toujours en usage à l'heure actuelle font leur apparition (rouleaux de parchemin, brûle-parfum). D'origine chinoise, ils participent à l'élaboration du cadre de cette pratique. La préférence pour ses objets en provenance de la Chine, couplée au choix de l'environnement et du déroulement donne naissance au chanoyu 茶のゆ , littéralement l'eau chaude du thé, traduit en français sous l'expression « cérémonie du thé », terme inexistant en japonais.

Le luxe de l'environnement relatif à ce rituel confère aux participants de ces cérémonies le nom de Chasuki 茶好きtraduit en français par « ceux qui affectionnent de façon excessive le thé ». Le 3ème shôgun Ashikaga, Yoshimitsu (1358 à 1408) se fait édifier un pavillon d'or, le kinkaku, au nord de la capitale.

Mais ce genre de réunions ne se pratiquent pas que dans le milieu aristocratique, on les voit également se dérouler dans les sphères moins « nobles » de la société, beaucoup moins emprunts de formalisme qu'à la cour. Les participants se succèdent pour préparer le thé.

Toutes ces méthodes, tous ces rites tendent parallèlement au fils des années à créer la voie du thé : chadô.


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 Message  Publié : 26 Juil 2006, 19:37 
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2) L’EVOLUTION DE LA CEREMONIE , SES INFLUENCES, SES ACTEURS.

A partir du 16ème siècle la cérémonie exige un environnement particulier. En effet, la pièce dite de style Shoin où se déroule le Chadô comporte une alcôve ( Tokonoma 床の間), des étagères asymétriques et un bureau incorporé (shoin) destinés à exposer les objets d’origine chinoise.
Une salle spécifique (kaisho) est destinée à abriter les réunions de thé. On y recouvre le sol de nattes de pailles (tatami 畳) pour boire le thé à même le sol.
Cependant, les participants ne peuvent assister à la préparation du thé qui se déroule derrière un paravent ou dans une pièce voisine. Ainsi, la caractéristique du Chadô dans le cadre d’une construction Shoin est de boire et contempler les différents objets exposés dans la pièce.

La salle de thé est un espace vide, sans ornement, que le maître des lieux se doit de décorer avant chaque réunion de thé.
Cette décoration variera suivant l’hôte, son humeur, l’expérience, mais aussi les saisons de l’année.
La seule contrainte réside dans le fait de bien marier les éléments, tant au niveau de la couleur qu’au niveau des matériaux utilisés.


Un rouleau de parchemin, le kakemono, est accroché dans l’alcôve. Il est la manière la plus directe pour l’hôte d’annoncer le thème de la réunion à ses invités.
Il doit être donc choisi en conséquence, et également en fonction de la saison (un rouleau de parchemin évoquant l’été ne peut être mis en place pendant l’hiver).

Le Chabana est l'art d'arranger simplement mais élégamment des fleurs durant la cérémonie. Ses racines remontent au style plus formalisé de l'Ikebana, lui-même tirant ses origines à la fois du shintoïsme et du bouddhisme. Un style moins formel d'Ikebana avait été ajouté au style Rikka: le style Nageire ou style "jeté". Ce nouveau style avait moins de règles et plaisait à ceux qui recherchaient un aspect plus simple et naturel.

Les premiers maîtres de thé utilisèrent le style Nageire jusqu'à ce que celui-ci soit divisé en style Seika (fleurs pures) et style Chabana (fleurs de thé). Le style Chabana, qui ne contient aucune règle formelle écrite est devenu le style standard d'arrangement floral durant un Cha no yu.

Les fleurs sont à l'image du coeur de l'hôte durant le Cha no yu. Le Chabana est une expression de la saison à travers des fleurs placées dans un simple vase ou un panier. Les matériaux utilisés pour les vases vont du bronze à la céramique vernie ou non, en passant par le bambou, le verre ou d'autres matériaux.

Pour créer un arrangement Chabana, l'hôte choisit d'abord des fleurs, puis un vase approprié. Aucun artifice n'est utilisé pour faire tenir les fleurs dans le vase, comme c'est le cas en Ikebana. L'arrangement final évoque un sentiment similaire à celui que l'on ressent dans l'environnement du jardin.

     Les grands maîtres :

La pratique du chanoyu s’enrichit, au cours des siècles, grâce à des emprunts à d’autres formes de réunions de thé qui se développent parallèlement et cela jusqu’à nos jours. Sous l’influence de ces différents facteurs qui n’ont cessé de poursuivre leur évolution jusqu’à aujourd’hui, le chanoyu a connu différentes phases successives.

Entre le moyen âge et la deuxième moitié du 16ème siècle, 3 figures majeures marquent l’évolution du chadô.
Nôami (1397 – 1471) maître de thé de la maison des shôgun Ashikaga codifie les règles de la préparation du Matcha (thé en poudre) dans la pièce de réception, shoin.

Le disciple du moine Ikkyû, le maître de thé Murata Shukô (1422 – 1502) introduit notamment des influences zen dans le chadô.

Yoshimara (1436 – 1490), conservateur de la collection d’art chinois du 8ème Shôgun d’Ashikaga, décore le Tokonoma d’un rouleau de calligraphie d’origine bouddhique. Il fait ainsi construire dans sa résidence un édifice, le tôgu-dô. Il comporte une pièce de 4 tatamis et demi, appelée dôjin-sai.
Cette pièce est une transition entre le style shoin dont elle conserve le cadre décoratif et la pièce à thé (Sukiya 数奇屋) de la période suivante, dont elle possède la surface.

Sur l’influence du maître Shukô, l’art japonais fait sa place au côté de l’influence chinoise en ce qui concerne les objets décoratifs de la pièce à thé.
Cependant, parmi les terres cuites japonaises, seuls les vases à fleurs, les récipients à eau froide (mizusashi dont vous trouverez une illustration plus bas), ceux à eaux usées (kansui 鹹水) seront acceptés aux côtés des pièces chinoises.


mizusashi


Ainsi, l’influence de ces œuvres japonaises repose sur une sensibilité artistique, celle de l’appréciation d’une beauté de l’imperfection et de la recherche de l’authenticité. Cette nouvelle tendance est connue sous le nom de Wabi.

Sensibilité Wabi : Les pavillons de thé :

La pratique du Cha no yu n’est plus réservée à une élite de militaires et d’aristocrates, elle est désormais ouverte aux habitants des villes. Nara, Kyôto, ou Sakai sont symboliquement les berceaux de cette nouvelle sensibilité, générée par les riches marchands et artisans. D’ailleurs, Sakai est la ville d’origine de la majorité des grands maîtres de thé de cette époque.

Soshitsu Sen, dans « Vie du thé, Esprit du thé » définit l’esthétique du Wabi comme ce qui peut parfois être rendu par « ‘simplicité rustique’ […] Le wabi est un état d’esprit, mieux exprimé par des termes tels que frugalité, simplicité et humilité ». Par exemple, les bols à thé du wabi encore sous l’influence de l’art chinois sont importés de la péninsule coréenne, pour la plupart au 16ème siècle. A l’origine simples bols à riz, leur naturel et leur absence de prétention en font des objets de plus en plus recherchés. Cette époque voit s’édifier de plus en plus de pavillons rustiques évoquant une retraite paisible à proximité des résidences principales. Le caractère rustique de ces pavillons est en opposition avec la splendeur des habitations principales.
Ainsi, on comprend mieux ce que Soshitsu Sen écrit dans son ouvrage, « Il est bien naturel d’apprécier la beauté des fleurs en leur saison, mais découvrir celle des jeunes pousses sous la neige, voilà qui exige une sensibilité plus fine. »

Murata Sôju successeur de Shûko semble avoir compris la nuance du wabi. Il se fait construire au sein du quartier animé de Kyôto un pavillon de montagne ce qui lui vaut le surnom « d’ermite dans la ville ».

Takeno Joo (1502 – 1555) trouve son inspiration dans l’univers matériel des couches plus modestes de la population. Il est celui qui a enseigné le thé à Sen No Rikyû, son disciple le plus brillant, et dont l’influence reste déterminante même de nos jours.

L’introduction des pavillons de thé au sein des agglomérations, au cœur de la vie urbaine, témoigne de l’envie qu’ont les japonais adeptes du Cha no Yu de s’exprimer dans le cadre de la vie quotidienne. On peut donc souligner que le Cha no Yu reste intégré au monde ordinaire.



Le triomphe de la sobriété avec Sen No Rikyû :

C’est durant la deuxième moitié du 16ème siècle que le wabi prend sa forme aboutie et ce, grâce à Sen No Rikyû (1522 – 1591). Il est originaire d’une famille de marchands de Sakai, et responsable de tout ce qui concerne le thé auprès de Toyotomi Hideyoshi. Ses innovations consistent en la construction d’un pavillon rustique recouvert d’un toit d’herbes (Sôan) et un jardin d’accès (roji).
La pièce à thé est désormais réduite en surface et n’occupe plus, à partir du 16ème siècle, que 4 tatami et ½, voire 3 ou 2. Auparavant, la préparation se trouvait cachée derrière un paravent alors que Rikyû préconise la visibilité de la préparation par les participants en ajoutant un foyer dans la pièce.
Il instaure aussi la création d’une entrée étroite (nijiriguchi にじり口, にじる être accroupi, et 口 l’entrée) qui remplace les habituelles portes coulissantes et oblige les invités à se courber, voire s’accroupir pour pénétrer dans le pavillon.



Cette entrée marque la transition et même l’opposition entre le monde de la vie quotidienne et la recherche spirituelle par le biais du Cha no yu. Cette ultime étape de passage contraint aussi les participants à faire preuve d’humilité puisque son franchissement nécessite de s’incliner à terre. Aussi l’absence de paroi coulissante ne permet pas la pleine ouverture sur le monde extérieur. L’intérieur du pavillon est assez sombre, les fenêtres étant petites. Les critères de valeur de Sen No Rikyû pour le choix des objets qui ornent la pièce sont en opposition avec l’ancienne tradition du faste. D’ailleurs, il en limite le nombre, remplace la peinture de paysage par une simple calligraphie, opte pour des céramiques à l’aspect un peu fruste, et délaisse les habits de soie colorés pour se vêtir de toiles plus rudes aux couleurs brunes et sombres.
Ainsi, il nomme en japonais cette expérience métaphysique Wabi-Suki. Il cherche à éprouver le poids de l’existence au travers de la pauvreté matérielle. Le Cha no yu se divise en deux parties :

La première consiste en la préparation du thé fouetté à l’aide d’un fouet de bambou dont on ne connaît pas vraiment l’origine.



La deuxième partie comprend la prise d’un repas qui portera le nom de kaiseki.


En dehors de la dégustation du thé, le Cha no yu repose sur une dimension esthétique, les participants se délectant à la vue des objets choisis pour cette occasion. Sen No Rikyû favorisera l’émergence des lignées familiales en commandant des objets à des artisans japonais.


Les successeurs de sen No Rikyû et la diversification des pratiques de l’art du thé :

Les trois grandes traditions du Cha no yu encore actives aujourd’hui apparaissent à la division des propriétés des Sen No Rikyû entre trois héritiers :
Ora Senke, Omote Senke et Musha no Kôji.

L’originalité est apportée par Furuta Oribe (1544 – 1615) disciple de Sen No Rikyû grâce à ses excentricités esthétiques comme la conception d’un bol en forme de chaussure.

Kobori Enshû (1579 – 1647) architecte et concepteur de jardin de Furuta Oribe introduit le raffinement dans la cérémonie du thé. Il instaure l’usage de porcelaines raffinées, décorées de motifs colorés et variés apportant une touche lumineuse aux intérieurs, jusqu'à lors sombre.

Tous ces personnages ont fortement influencé l’évolution du Cha no yu même si on compte encore un grand nombre de grands maîtres qui ont donné naissance à de nouvelles écoles.

Du thé fouetté au thé vert infusé :

A partir du 17ème siècle, une nouvelle façon de préparer le thé émerge au Japon. Cette technique nouvelle née en Chine consiste à infuser les feuilles de thé dans une théière dont le contenu est versé dans des coupelles de fine porcelaine, d’où son nom de thé infusé qui se dit sencha 煎茶.
C’est un moine chinois qui introduit tout d’abord le thé infusé à Kyôto et dans ses environs puis Chûko Baisaô favorise sa diffusion à travers le pays.

Dans la première moitié du 19ème siècle, la consommation de thé infusé augmente. Depuis lors, il est devenu la principale boisson quotidienne à base de thé. L’usage du thé en poudre (Matcha) se limite désormais à la pratique du Cha no yu, et aux dégustations proposées dans les monastères et les auberges.


Dernière édition par Benbenthepenguin le 15 Août 2006, 15:10, édité 1 fois.

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 Message  Publié : 26 Juil 2006, 19:37 
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3) DE NOS JOURS

Le déroulement de la cérémonie :

La cérémonie du thé comprend normalement:
a) une première partie au cours de laquelle on sert une collation légère, le kaiseki;
b) une courte pause (nakadachi);
c) la partie principale de la cérémonie (goza-iri), au cours de laquelle on sert le koicha ou thé épais;
d) le service de l'usucha, ou thé fin. Le tout dure environ quatre heures mais, souvent, on se contente de l'usucha, qui prend à peu près une heure.


a) La première partie
Les invités, au nombre de cinq, se réunissent dans la salle d'attente. L'hôte vient les chercher et, par le sentier, les conduit à travers le jardin jusqu'au pavillon de thé. A un endroit du chemin, il y a un bassin de pierre plein d'eau claire. Les invités s'y lavent les mains et se rincent la bouche. L'entrée du salon est très petite. La pièce est équipée d'un foyer fixe et d'un brasero portatif, pour la bouilloire. Dès qu'il est entré, chaque invité s'agenouille devant le tokonoma - l'alcôve - et s'incline respectueusement. Puis, tenant son éventail plié devant lui, il admire le kakemono accroché au mur du tokonoma. Ensuite, il regarde de la même manière le foyer ou le brasero. Quand tous les invités ont fini de considérer ces objets, ils prennent place, l'invité le plus important s'asseyant le plus près de l'hôte. Quand l'hôte et les invités ont échangé les civilités d'usage, on sert le kaiseki, légère collation qui se termine par des sucreries. Ce terme japonais est inspiré des moines zen qui lorsqu’ils étaient tiraillés par la faim s’appliquaient sur l’estomac une pierre qu’ils avaient chauffé au préalable. Maintenant, il désigne un repas tout juste suffisant pour apaiser la faim.

b) Le nakadachi
Sur la prière de leur hôte, les invités se retirent et vont s'asseoir sur un banc qui se trouve dehors, dans le jardin intérieur, près de la pièce.

c) Le goza-iri
L'hôte frappe sur le gong suspendu près de la pièce pour indiquer que la cérémonie principale va commencer. La coutume veut, normalement, qu'il donne cinq ou sept coups. Les invités se lèvent et écoutent attentivement le son du gong. Après s'être approchés du bassin et avoir renouvelé le rite de purification, ils retournent dans le salon. Pour donner plus de lumière, un assistant retire les stores de cannis accrochés à l'extérieur, devant les fenêtres. Le kakemono a disparu du tokonoma qui est maintenant orné d'une composition florale, dans un vase. Le récipient d'eau pure et la boîte à thé en céramique sont déjà en place. Puis l'hôte entre, portant le bol à thé; le fouet de bambou est dans le bol, la cuiller posée dessus, en travers. Les invités examinent et admirent les fleurs et la bouilloire, comme ils ont admiré le kakemono et le foyer au début de la première partie. L'hôte se retire dans la salle de préparation et revient bientôt avec le récipient pour les eaux de rinçage, la louche et un support pour le couvercle de la bouilloire ou pour la louche. L'hôte essuie alors la boîte à thé et la cuiller avec un linge spécial, le fukusa, puis rince le fouet dans de l'eau chaude puisée dans la bouilloire et versée dans le bol à thé. L'hôte vide ensuite cette eau dans le récipient pour les eaux de rinçage et essuie le bol avec une serviette de toile de lin, le chakin.
L'hôte prend la cuiller et la boîte et verse du matcha (trois cuillerées par invité) dans le bol; il puise une louche d'eau chaude dans la bouilloire, en verse le tiers environ dans le bol et remet le reste dans la bouilloire. Il bat ensuite la mixture avec le fouet jusqu'à ce qu'elle ait à peu près la consistance et la couleur verte d'une soupe aux pois assez épaisse. Le thé ainsi préparé s'appelle le koicha. Le matcha utilisé pour cette préparation est composé de jeunes feuilles prélevées sur des arbres à thé qui ont de vingt à soixante-dix ans d'âge, ou davantage. L'hôte pose le bol à la place voulue, près du foyer ou du brasero, et l'invité d'honneur s'approche, à genoux, pour le prendre. Après s'être incliné devant les autres invités, le premier invité pose le bol sur la paume de sa main gauche en le soutenant par côté avec sa main droite. Il boit une gorgée, formule des compliments sur son goût, puis boit deux autres gorgées, ou davantage. Il essuie l'endroit du bol où il a bu avec le papier kaishi et passe le bol au second invité, qui boit et essuie le bol, comme le premier. Le bol est ensuite passé au troisième invité, et ainsi de suite. Quand le dernier des cinq invités a terminé, il repasse le bol au premier invité, qui le rend à l'hôte.

d) Le service de l'usucha
L'usucha diffère du koicha en ce que le matcha utilisé est composé de jeunes feuilles prélevées sur des arbres à thé qui n'ont que de trois à quinze ans d'âge. Cela donne une mixture verte, mousseuse.
Les règles observées au cours de ce service sont analogues à celles de la cérémonie du koicha. Les principales différences sont les suivantes:
- Le thé est préparé séparément pour chaque invité avec deux cuillerées de matcha, ou deux et demie. Chaque invité, normalement, boit tout son thé.
- C'est avec les doigts de sa main droite que l'invité nettoie la partie du bol que ses lèvres ont touchée. Il s'essuie ensuite les doigts sur le papier kaishi.
L'hôte sort du salon, emportant les ustensiles, puis revient s'incliner en silence devant les invités, indiquant par ce geste que la cérémonie est terminée.
Les invités quittent le sukiya. L'hôte les reconduit.

Après l’ère Meiji, ou le Chadô dans le japon moderne :

Si le Cha no yu est délaissé durant les premières années de l’ère Meiji, il profite après d’un regain de faveur et se féminise. En effet, malgré l’époque de modernisation qu’est l’ère Meiji, le cha no yu résiste à l’occidentalisation du pays. Cela peut s’expliquer avec ces données :
Pendant des siècles, la pratique est réservée exclusivement aux hommes, l’émancipation de la société et des femmes a permis à l’art du thé d’être alors intégré dans le cursus scolaire féminin, se transformant même après la seconde guerre mondiale en phénomène de masse, certaines écoles possédant des centaines de milliers d’élèves.
L’apprentissage est finalisé par l’obtention d’un nom professionnel qui permet d’accéder à la qualité d’enseignant. Les femmes ayant eu un cursus scolaire court bénéficient notamment de cette promotion sociale et permet même à la gente féminine en générale d’acquérir un certain savoir-vivre en société. L’art se transmet ainsi via l’école et l’on compte donc aujourd’hui près de cinq millions de pratiquants. Entamée dès le début du 18ème siècle, la généralisation du système des écoles ayant à leur tête un grand maître, permet de constituer un réseau d’apprentissage du Cha no Yu. Au sein de la direction de l’école, les générations d’une même famille se succèdent. Ainsi le style et la tradition de l’école sont préservés. L’adoption permet de résoudre le problème du manque de successeurs. Le maître de thé est honoré par le titre de « chef de famille » ou « chef de lignée » (iemoto) et a tout pouvoir dans la direction de l’école. Aussi, il hérite des ustensiles à thé et des écrits qui ont appartenu au fondateur. Il transmet ses connaissances à ses disciples progressivement par voie écrite ou orale, puis nomme offre à certains disciples le droit d’enseigner en son nom et celui de l’école. L’enseignement selon le système du iemoto suscite des polémiques car il repose sur une politique autoritaire datant de l’époque féodale, mais il faut admettre qu’il a permis de conserver et même de répandre l’art du thé au Japon. La plupart des écoles de thé fonctionnent avec le système du iemoto à l’exception de celles dont l’enseignement est inspiré du maître de thé Katagiri Sekishû (1605-1673) qui repose davantage sur l’individualisme ; il encourageait ses disciples à pratiquer le thé plus librement, à exprimer leurs propres aspirations et à fonder leur propre manière de faire. Au sommet de la hiérarchie des écoles de maîtres de thé, on trouve les trois lignées Sen que nous avons déjà citées précédemment, directement issues de Sen No Rikyû. Ura Senke, dont le siège est installé à Kyôto est dirigé par Sen Sôshitsu, le quinzième du nom, Mushanokôji Senke et Omote Senku sont les gardiennes de la tradition de Sen No Rikyû. Le maître Soshitsu Sen, 15ème de la lignée, dirige l’école de thé Ura Senke, qui considère Sen no Rikyû comme le premier de cette succession de grands maîtres.
Le cha no yu requiert des habilités très diverses dont quelques unes en rapport avec les autres arts hérités de la culture japonaise, comme la voie des fleurs (kadô) et la voie de l’encens (Kôdô). En effet, l’adepte de la cérémonie du thé doit avoir certaines connaissances culinaires, botaniques ainsi qu’un certain sens esthétique.
Outre la transmission de la technique du chanoyu, les maîtres du thé ont su apporter une nouvelle vigueur à l’art japonais. En effet, par le biais du courant wabi ils ont réveillé de nouvelles aspirations esthétiques élevant ainsi l’environnement artistique du wabi à un art national. C’est comme cela que des métiers populaires tels que ceux de l’artisanat sont désormais considérés comme essentiels dans la vie artistique japonaise, alors que la transformation du Japon en un état moderne avait freiné le travail artisanal en encourageant la production industrielle.
La pratique du Cha no yu implique l’utilisation de nombreux produits et ustensiles, dont certains sont en photo ci-dessous. Pour satisfaire cette demande des consommateurs, un grand nombre de commerces et d’artisans sont sollicités. D’une part, il existe des besoins devant être renouvelés à chaque cérémonie qui sont par exemple les fleurs, les douceurs servies avant le thé ainsi que les thé eux même. D’autre part, les instruments utilisés et les objets décoratifs font aussi l’objet d’un renouvellement régulier. Ce qui est un gain important pour l’économie locale de nombreuses villes japonaises. En revanche, ces boutiques proposent du matériel destiné au grand public ; les adeptes du chanoyu plus fortunés peuvent se procurer des œuvres d’artistes renommés et spécialisés dans l’art du thé. Ces artistes qui travaillent le bois, le bambou, la céramique ou même la fonte de fer ont un impact culturel important au Japon et sont parfois appréciés à l’égal des peintres occidentaux.



Hishaku, spatule en bambou servant à prendre la poudre Matcha.

La fameuse poudre matcha

Pot à thé, contenant la poudre matcha.

Mizusashi, ou récipient à eau froide.

Plan de la pièce.

Les commerces traditionnels du thé renvoient une image d’excellence participant au renom culturel et touristique du pays. D’ailleurs, la pratique du Cha no yu est devenue l’un des attraits fondamentaux de la culture nipponne à l’étranger, car elle regroupe différentes formes artistiques du pays. Elle plaît à travers le monde pour sa capacité à allier un art culinaire à une quête spirituelle.
Dans cette modernisation de la cérémonie du thé, la dimension spirituelle peut s’en trouver un peu diminuée. Est en effet loin le temps de la cérémonie qui possédait des liens étroits avec la religion. Le matcha est même utilisé dans la composition de sorbets, glaces, gâteaux et boissons rafraîchissantes. En arpentant les rues japonaises, on peut aussi trouver des distributeurs automatiques qui proposent ce thé chaud ou froid dans des gobelets en carton ! Dans la vie quotidienne des japonais la dimension spirituelle de la voie du thé est donc un peu délaissée au profit de la simple dégustation.
Dans ce développement de l’éducation (de l’école primaire jusqu'à l’université) au profit de cette discipline traditionnelle, n’importe quelle personne venant de n’importe quelle strate sociale, tout âge, sexe et profession confondue (moines, hommes d’affaires, commerçants, étudiants, artisans…) peut pratiquer cette cérémonie. Aussi ce nouvel engouement est permis par un accès plus important à l’information. En effet, la publication d’ouvrages relatifs à la cérémonie du thé est multipliée et ce grâce à la maison d’édition Tankôsha, dépendant d’Ura Senke la principale lignée de maîtres de thé. Ces ouvrages, à l’aide de photos, expliquent au citoyen japonais comment il peut pratiquer le chanoyu chez lui, comment cuisiner le kaiseki, comment choisir les objets adéquats selon la saison, etc…
Cet engouement pour cette pratique montre peut être que les japonais cherchent à retrouver des valeurs traditionnelles dans leur vie quotidienne stressante et emprunt de modernisme.
Alors les écoles développent des moyens d’informations nécessaires pour expliquer aux gens désireux de pratiquer cet art les méthodes adéquates. Des clubs se forment ; des musées proposent des dégustations et des expositions qui font de la voie du thé un art à part entière qui irrigue le domaine artistique de l’archipel (on peut même visiter des pavillons de thé en grandeur nature dans les musées privés); les entreprises organisent des réunions entre employés, partenaires et dirigeants, pour donner une image de marque à la société.
Quant au reste du monde, l’école de thé Ura Senke s’est ouverte aux Etats Unis, puis en Europe. Le maître de cette école, Soshitsu Sen, a passé sa vie à exporter l’art de la cérémonie du thé, d’abord chez les américains, à l’époque de l’après-guerre.
Aussi l’empreinte du chanoyu se retrouve dans l’architecture des habitats. En effet, les pavillons de thé qui ont gagné les villes à l’aube du wabi ont eu une forte influence sur la construction des maisons. Ainsi l’étroitesse et la complexité des espaces, l’utilisation de matériaux simples et l’imbrication des édifices et des jardins sont à l’image de ce que sont les pavillons de thé. Quant à l’architecture liée au monde du divertissement, elle s’inspire profondément de l’architecture du thé.


Bol à thé pour l’hiver, émail sang de bœuf, diamètre 12.5cm hauteur 9cm.

Bol à thé pour l’été, émail à base d’oxyde de cuivre, diamètre 16cm hauteur 6cm.



La cérémonie du thé a su charmé les japonais au fil des siècles. Elle a résisté à l’évolution du Japon, d’un passage d’une ère traditionnelle à une ère moderne. Quelle influence a donc le chanoyu sur le Japon moderne ? Comment a-t-il survécu au bouleversement de l’ère Meiji ? Finalement la cérémonie du thé est plus qu’une dégustation, elle est l’invitation au partage d’une expérience spirituelle, une invitation à la méditation, un état d’esprit. Elle a traversé le temps parce que la recherche de la spiritualité n’est pas réservée qu’à nos ancêtres. Même si le monde se modernise, la quête du bien être perdure à travers le temps. Cependant, la forme du chanoyu a subi quelques changements sous l’influence de la modernité et parfois quand même au détriment de la spiritualité. C’est la diffusion importante du chanoyu à travers le pays et le monde qui fait lui perdre de son prestige, et de sa symbolique. Néanmoins, l’enseignement en école a permis de conserver les idéaux des grands maîtres du thé, ainsi le chanoyu garde une forme traditionnelle. Nous pouvons ajouter que la cérémonie du thé est pour les occidentaux à l’image de ce qu’est le Japon : une estime des valeurs traditionnelles dans un monde à la pointe de la modernité. Le Japon conserve et revendique une empreinte des traditions grâce à la voie du thé qui a une place prépondérante dans la culture, l’économie et la vie quotidienne nipponne.


Dernière édition par Benbenthepenguin le 20 Août 2006, 11:40, édité 1 fois.

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 Message  Publié : 26 Juil 2006, 19:39 
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Localisation : Japan, Morioka
Les diverses sources:












Les arts de la cérémonie du thé, sous la direction de Christine Shimizu, éditions FATON.

SOSHITSU SEN, « Vie du thé, Esprit du thé »

CHA NO YU The japanese tea ceremony, Adler.

Le livre de thé de Okakura.



Dernière édition par Benbenthepenguin le 20 Août 2006, 12:12, édité 4 fois.

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 Message  Publié : 26 Juil 2006, 19:40 
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Inscription : 20 Jan 2005, 09:53
Message(s) : 3523
Enfin un sujet non débile :D

Je désespérais :) Merci mon poulet ;)

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Anche libero va bene


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 Message  Publié : 26 Juil 2006, 19:48 
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Inscription : 25 Juil 2006, 16:09
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Très bonne idée ^_^ J'ai toujours voulu en savoir plus sur cette tradition ancestrale :)

Je n'ai pas encore lu la partie que tu a mis (je le ferais bientôt ^_^) mais comme elle concerne les origines de la cérémonie, il me semble que la question que je voudrais te poser n'y trouve pas sa réponse: Il me semble que la cérémonie dans les règle de l'art dure plus de trois heure, ferais-je fausse route?

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 Message  Publié : 26 Juil 2006, 19:52 
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Inscription : 30 Juil 2005, 17:52
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Localisation : Japan, Morioka
Tout dépend quel maître préside la cérémonie, et les moyens mis en oeuvre pour cette cérémonie, qui peut en effet être relativement courte mais aussi durer 3~4heures. Je parlerai dans la partie "De nos jours" de l'exportation de cette cérémonie, et sa pratique dans le japon moderne ;) .


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 Message  Publié : 26 Juil 2006, 19:54 
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Inscription : 25 Juil 2006, 16:09
Message(s) : 217
Localisation : Edo
Merci de ces précisions. Je suis pressé de lire l'intégralité de ce dossier ^_^ Bonne chance pour la suite :jap:

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 Message  Publié : 08 Août 2006, 08:48 
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Inscription : 30 Mai 2006, 14:40
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Localisation : Braine-l'Alleud
Je ne sais plus ou j'avais bu un tel thé mais j'ai déja vu un thé fumé avec un petit gout de...jambon! Ca m'éttonerai qu'il soit japonais mais bon c'est pas grave :cool:


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 Message  Publié : 08 Août 2006, 11:31 
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Inscription : 12 Déc 2005, 02:49
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Localisation : Nagoya

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c'est un site de rencontre ?? ah non ? bon...


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