Haikyo: Présentation
“Haikyo”. C’est la réponse que je donne en général, avec un air sérieux, quand un japonais me demande : “Shumi nan desu ka ?” (c’est quoi ton hobby ?). Mais haikyo… quézako !? Même les Japonais ne savent pas vraiment parfois.
Une définition exacte serait que ça veut simplement dire “ruine” en japonais. Mais une définition moins littérale serait plutôt “la visite de lieux tout pourris, abandonnés, dangereux voir même souvent interdits”. Et c’est une tendance ces dernières années, il y de plus en plus d’adeptes de la haikyomania, à croire que tout le monde veut se retrouver enterré avant d’avoir atteint maturité.
Ce loisir est en fait une expérience très riche. Pour certains, et tout spécialement les japonais, c’est une expérience spirituelle. Il y a beaucoup de fantômes au Japon, bien plus qu’ailleurs, surtout car les japonais y croient dur comme fer. Ils apprécient donc les visites nocturnes dans les lieux abandonnés, même si ces derniers ne présentent que peu d’intérêt visuellement. C’est très rigolo parfois de tomber sur des sites internet qui postent des photos d’ectoplasmes, mais qui ne sont en fait que la lumière du flash à travers l’humidité ! Mais cela fait tripper les gens qui y croient, et c’est là le principal.
Bien plus attractif de mon point de vue, c’est le côté aventure, parfois sportif ou même dangereux du hobby. Il y en a pour tous les goûts ! L’île fantôme à l’accès impossible, la base militaire protégée par des gardes et entourée de barbelés, le parc d’attraction aux caméras de surveillance cachées partout, le village perdu au milieu de la montagne, ou encore l’étrange hôpital en plein milieu d’une zone d’habitation… pour chaque, ce sont des risques à pondérer et des décisions différentes. Une avalanche de challenges!
Il y a aussi bien-sûr le côté artistique et c’est souvent la raison pour laquelle on se rend dans de tels lieux. Les explorateurs sont pour la plupart des photographes, et souvent parfois même des pros. Quand je vais faire des haikyo, c’est généralement avec un gros trépied et un sac à dos contenant toutes mes lentilles. On peut emmener aussi des déguisements, pourquoi pas, ou comme je le fais parfois, des petites figurines. Une règle à respecter cependant : “Ne rien prendre d’autre que des photos et ne laisser derrière que des traces de pas”.
Mais il y a aussi bien plus que cela : la recherche des spots, la négociation avec les autres explorateurs, l’organisation, et enfin… le voyage ! Je dis souvent que mon moment favoris c’est lorsque je suis levé à 3h du matin, déjà au volant de la voiture. Sans oublier la pause café qui s’en suit, dans le froid matinal dehors, un peu plus tard sur la route devant un combini. Chacun d’entre-nous a son propre et unique mix de sentiments quand il se réfère au terme “haikyo”. Et ce qui est sûr, c’est que c’est bien plus qu’un simple engouement glauque à la vue d’un love hotel défoncé 🙂
Je parlerai de ce hobby régulièrement sur Ici-Japon si vous appréciez le sujet, alors à bientôt !
Jordy partage sa passion et ses photos sur deux sites:
– http://www.haikyo.org [anglais – dédié aux ruines]
– http://www.meow.fr [anglais et français – dédié en grande partie au Japon]