Vidéos et récit du temblement de terre
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Vidéos et récit du temblement de terre

J’étais au travail lorsque le tremblement de terre est survenu un peu avant 15h à Tokyo. J’avais mon nouvel appareil photo pas loin et j’ai pu filmer une bonne partie des deux grosses secousses qui ont frappé. Contrairement aux secousses “classiques” que l’on ressent régulièrement au Japon celles-ci se démarquaient par leur intensité mais aussi par la longueur. Alors que les petites secousses durent généralement quelques secondes, 20 à 30 secondes au maximum, celles du 11 mars ont duré plusieurs minutes, facilement 3 minutes pour la première et presque autant pour la seconde.

3 minutes c’est très long durant un tremblement de terre, d’autant plus que l’intensité du tremblement n’allait pas décroissante mais restait régulière. On ressent un peu la même sensation que sur une montagne russe sauf qu’on ne sais pas quand ça va s’arrêter et on n’est pas sûr de s’en sortir indemne. Ceci dit j’étais plus excité que réellement effrayé et quelque part content de vivre quelque chose d’exceptionnel. Sur le coup je n’ai pas pensé une seule seconde que le tremblement de terre était encore plus violent ailleurs et allait faire des centaines ou milliers de morts. D’ailleurs malgré l’état de surprise et d’angoisse des personnes autour de moi il n’y avait pas de panique et tout le monde était relativement détendu, riait même parfois. Peut-être des rires nerveux?

J’ai pris deux vidéos, une durant chaque grosse secousse à environ 30 minutes d’intervalle. Je suis resté à l’intérieur pour la première accroupi derrière un plan de travail à côté d’une poubelle. Pour la seconde j’ai tenté une sortie dans a rue.

Du coup vous allez découvrir mon second travail au Japon à côté du site. Dommage je comptais vous faire chercher à l’occasion un concours. Je suis boulanger dans le quartier français de Tokyo. La boulangerie n’est pas le lieu le plus sûr pour vivre un tremblement de terre, il vaut mieux travailler dans un magasin qui vend des oreillers.

Personne n’a été blessé mais ça aurait pu. Dès les premières secondes par exemple notre machine à frire a déversé des litres d’huile bouillante dans l’air et heureusement que personne n’était à côté.

J’étais dans le magasin avec 3 filles. Dès le début de la première secousse leur réaction a été parfaite. Celle qui se trouvait à l’arrière avec moi a tout de suite coupé l’alimentation des machines et le gaz et a refermé comme elle pouvait le bac à friture. Les deux filles à la vente ont descendu les gros pains en hauteur et se sont abritées derrière le comptoir. Pendant se temps mon premier réflexe a été d’aller chercher mon appareil photo en espérant avoir le temps de prendre quelques secondes de vidéo. Encore une fois je ne pensais pas que le tremblement de terre était si dévastateur et je me disais que je ne risquais pas grand chose pour autant que je fasse attention à ce que rien ne me tombe dessus.

C’est la fille qui travaille avec moi à l’arrière qui m’a tiré par le col pour que je m’abaisse derrière un meuble. Je connais les consignes de sécurité, je vous en ai même parlé cette semaine mais dans le feu de l’action on ne sais pas vraiment quoi faire. Se protéger derrière quelque chose? Sortir dans la rue? Trouver un bon angle pour filmer?

Pour la première secousse j’ai opté pour l’option “à l’abri” et de toute façon dès que je bougeais j’avais 3 filles pour me rappeler à l’ordre. Pour la seconde secousse je suis sorti.

La différence entre l’intérieur et l’extérieur est énorme. À l’intérieur tout bouge et on ressent vraiment les secousses. À l’extérieur par contre on ne sent pas le tremblement et on ne voit presque rien bouger. Par contre on entend des bruits de chocs qui viennent de tous les bâtiments alentours et tout le monde dans la rue s’immobilise et silence. Je suis un peu déçu par les vidéos que j’ai prise car on voit presque pas la force du tremblement.

Tout le monde réagissait différemment. Certains étaient en larmes alors que d’autres semblaient à peine surpris. Aucune panique en tout cas. À peine la seconde secousse passée un client est entrer acheter son pain que si de rien n’était. Lorsqu’il s’est présenté au comptoir pour payer les filles étaient encore accroupies derrière.

Merci à tous pour vos nombreux messages de soutient.

[Témoignage] Devenir Mangaka au Japon
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[Témoignage] Devenir Mangaka au Japon

Il y a quelques jours je vous présentai quelques œuvres d’un illustrateur français qui s’appelle Raynart. Il se trouve que le parcours de Raynart est riche d’une expérience très intéressante puisqu’il a tenté de devenir mangaka au Japon. Il est parti un an à Tokyo avec un visa vacances-travail et a démarché les grandes maisons d’édition japonaises. Malheureusement son expérience n’a pas été couronnée de succès mais même de retour en France il n’abandonne pas son ambition. Devenir mangaka au Japon est extrêmement difficile et les étrangers qui percent dans le milieu se comptent sur les doigts de la main. Même si le nom de Raynart n’est pas encore connu au pays de Dragon Ball et One Piece il n’en reste pas moins que son témoignage, rare et complet, est passionnant pour quelqu’un qui s’intéresse un peu à l’univers de la BD japonaise.

À travers son parcours on découvre principalement le fonctionnement des maisons d’édition japonaises et ça recoupe étonnamment bien ce que l’on peut voit dans Bakuman. Mais ça n’est pas tout puisque Raynart donne de nombreux conseils, parle de sa vie à Tokyo, de sa relation avec les Japonais et avec la langue du pays, montre ses œuvres ou photos, et partage ses bons plans comme les adresses où trouver du matériel de dessin à Tokyo. Bref on y apprend plein de choses et je vous conseille vivement de lire son aventure.

La première fois que j’ai découvert Raynart c’est sur un fil de Forum Japon qui regroupait les interventions de personnes voulant devenir mangaka au Japon. La discussion tourne principalement autour de trois intervenants qui partiront au Japon tenter leur chance. Je vous invite à lire le débat en entier mais celui étant très long voici un lien vers la page sur laquelle Raynart arrive dans la conversation. Il parle du parcours pour devenir mangaka point par point et répond aux questions des membres de façon très complète.

Ensuite vous pouvez lire le récit de son expérience de façon chronologique sur son blog. Son année à Tokyo est racontée à partir du 17 août 2010 (page 4 au jour d’aujourd’hui).