Crédit photo : Ligia Miranda

Etymologie du mot Ikebana

IKEBANA est un mot japonais signifiant proprement « fleurs vivantes ».

L’Ikebana (生花), aussi connu sous le nom de kadō (華道 ou 花道, la voie des fleurs) est un art traditionnel japonais basé sur l’arrangement floral, qui vient de ikeru (生ける), faire vivre, et de hana (花), fleur. On pourrait le traduire par «faire vivre les fleurs», «amener les fleurs à la vie».

L’Ikebana est une technique d’art floral japonais basée sur la sobriété, sur l’interprétation éclairée et sensible de la nature et de ses contrastes. C’est une étude de base, formatrice, ouvrant le cœur et l’esprit à la création proche de la vie. C’est également une symbolique héritée des offrandes de fleurs faites au Bouddha depuis le VIIème siècle.

Historique

L’Ikebana est venu de Chine à la suite de l’influence bouddhiste, importé au VIème siècle par des moines. A l’époque, cet art n’était réservé qu’aux moines et à la noblesse.

Certains samouraïs s’y adonnaient pour leur culture et le travail de concentration qu’il procure.

La symbolique des bouquets est fondée sur le principe masculin/féminin, intégré dans le Tout, l’univers. Le chiffre trois, la Trinité regroupant le ciel, la terre et l’humanité, principe de base de toute philosophie traditionnelle, en est le fondement.

Ce n’est que vers le Xème siècle qu’on voit apparaître la notion d’esthétique, de beauté, dans les compositions florales, ce qui permet aux " fleurs du temple " de sortir côté cour. Ce sont les jeux de Hana awase (jeux de cour).

Tatebana 立花

Vers le XIIème siècle, l’art est simplifié et le bouquet devient vertical : c’est le Tatebana (tate : debout ; hana : végétal), l’ancêtre du rikka, bouquet traditionnel qui va évoluer au cours des siècles et se transmettre jusqu’à nos jours.

Ce n’est véritablement qu’au XVème siècle que l’Ikebana prendra toute son ampleur avec la création de l’école Ike-no-bô (littéralement : la hutte près de l’étang) par le moine Senmu. Elle amorce la naissance du bouquet de cérémonie (nouvel an, mariage, anniversaire, etc…) et du sentiment de Furyu (raffinement, élégance, beauté, légèreté).

Rikka

Rikka
Crédit photo : Zdenek Thoma

Mais le XVIème siècle, marque également l’aboutissement du Rikka avec l’apparition du traité Senno Kudden. Le Rikka devient alors la transposition symbolique d’un paysage mythique emprunté aux montagnes de Chine, appelé " Monts Shumisen ". Ainsi les éléments utilisés dans la compositions représentent les montagnes, les collines, les lacs, les chutes d’eau, les côtés ombrés et le soleil.

A la notion de Furyu (élégance, raffinement), s’ajoute celle de faste avec d’énormes arrangements floraux.

Wabi 侘び

Wabi : la beauté dans l'épuration
Crédits photo de gauche à droite : nik gaffney, 8 Kome, Ligia Miranda

On assiste également au développement du Wabi, valorisé dans les cérémonies du thé.
Le Wabi est le retour à la simplicité, une seule fleur dans un vase," un chrysanthème dans une jarre de terre, le lys candide dans une rustique bouteille de saké ". C’est aussi le retour au sacré avec la notion de rituel.

Nageire 投げ入れ

Ikebana : nageire
Crédits photo : Dani Armengol Garreta, Ligia Miranda

Le Wabi a amené le style Nageire qui veut dire " lancer, jeter, mettre dedans "

Au XVIIème siècle, l’Ikebana devient alors accessible aux femmes et se transforme en art d’agrément. Parallèlement, on assiste à la naissance du style Seika qui reprend la notion de trinité des premiers bouquets.

Le XlXème siècle voit apparaître la multiplication des écoles et la création du système Iemoto (père). Celui-ci, descendant des fondateurs, est le garant de la transmission du savoir. Cette structure est le fondement d’un système plus démocratique que le système féodal antérieur car il permet de faire vivre les écoles d’une façon plus moderne, tout en préservant les traditions.

Moribana 盛り花

Dans les années 1890, après la constitution Meiji et sous l’influence étrangère, de nouvelles variétés de fleurs et de végétaux sont introduites au Japon, on assiste alors à l’évolution de l’art vers un style plus moderne : le Moribana.

Ikebana de nos jours

Depuis, de nombreux styles ont vu le jour, il existe plus de 3000 écoles recensées à ce jour. En France, on retrouve régulièrement 3 écoles distinctes :

  • L’école O’Hara, dont le style représente le plus souvent des paysages dans les vases plats.
  • L’école Sogetsu, dont le style est plutôt moderne.
  • L’école Ikenobo, (école de notre association) l’école de référence la plus ancienne et la plus stricte.

Dans les années 30, l’lkebana sort des maisons. Sous l’influence de l’art plastique européen, on parle de forme, surface, masse. On commence à utiliser des matériaux de type contre-plaqué, fleurs séchées, etc., dans la création de grandes structures ou de petits styles.

Une composition d’Ikebana est de nos jours, placée dans une alcôve (tokonoma) de la pièce principale des foyers japonais. Elle sera présente lors de toutes cérémonies, réunions, ou évènements particuliers. L’Ikebana est pratiqué couramment au sein de la maison par les femmes japonaises.

Pour faire un beau bouquet d’Ikebana, on associe végétaux de la nature et fleurs cultivées. Ainsi, l’harmonie qui s’en dégagera fera naître le respect des principes de base, mais aussi du dialogue établi avec les végétaux. Aimer et respecter les végétaux, connaître leur caractère, partir de l’écorce pour arriver au cœur… Peu à peu la pratique nous amène à entrer en relation avec la nature par l’intermédiaire des végétaux utilisés.

Que l’on fasse son premier ou son centième bouquet, l’émotion est la même. Car chaque branche, chaque fleur est unique.

A l’heure actuelle, à côté des écoles très traditionnelles, se développent des styles d’avant-garde que l’on découvre lors des fréquentes expositions d’Ikebana, très prisées par les Japonais.

L’ikebana est donc à l’origine de nombreux courants et styles. Plus qu’une forme d’art, il est devenu un mode d’expression qui a acquis ses lettres de noblesse avec les diverses influences occidentales tout en gardant sa tradition ancestrale.

Sources

Pour en savoir plus

Auteur: Temari-Lisa

6 Réponse à “Ikebana”

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