Le Japon Ancien ou « Époque des Codes » – partie 1

Ce deuxième chapitre couvre une période allant de 593 à 1185.

1. La période d’Asuka. 飛鳥時代

Cette période, aussi parfois appelée Suikochô-jidai « règne de l’impératrice Suiko », s’étale de 593 à 710 et doit son nom au village d’Asuka où s’est principalement trouvé la capitale du Yamato à cette époque.

Cette période marque un tournant important : avec la victoire des Soga, plus rien ne fait obstacle à la propagation du bouddhisme dans l’Archipel. Dès lors, des moines venus de Corée et de Chine du Nord émigrent massivement au Japon, apportant techniques et savoirs nouveaux avec eux. De même, bon nombre d’ "étudiants" nippons se rendent « sur le continent » et en reviennent généralement subjugués.

En effet, à cette époque, après une période d’anarchie et de troubles, les T’ang ont pris le pouvoir en Chine : la civilisation chinoise est alors plus resplendissante et puissante que jamais et exerce une fascination inégalée sur l’ensemble de la région.

La Yamato renoue, après un siècle d’interruption, des relations accrues avec l’Empire du Milieu avec comme point d’orgue l’envoi d’une Ambassade en 607.

La tentation est dès lors grande dans le chef des dirigeants du Yamato d’essayer d’imiter le puissant voisin, d’importer ses institutions et ses structures. Ceci est autant dû à l’admiration qu’à la volonté de l’archipel d’égaler voire même surpasser celui-ci. On considère généralement que c’est à cette époque qu’émerge véritablement une « conscience nationale » japonaise, le sentiment d’apartenance à un même pays, à une communauté de destin (et un dévouement à l’Empereur !). Ceci sera traduit par l’expression « Yamato Damashii », expression qui gagnera une résonance toute particulière pendant la seconde guerre mondiale.

Trois autres « faits » traduisent ce changement :

1. C’est à cette époque que le terme Nihon (« soleil levant ») est adopté pour désigner le pays. Sa prononciation chinoise donnera naissance au mot « Japon ».

2. Le terme « tennô » est employé pour désigner l’Empereur.

3. La première monnaie en cuivre japonaise (« wadô ») est battue en 708.

L’adoption des institutions chinoises ne se fit pas sans heurts. Une première étape importante débute avec le Prince Shôtoku 聖徳 (574-622) dont la postérité fera un héros national, animé d’un projet grandiose pour le pays.

Rappelons que les Soga avait mis sur le trône Suiko. Ils désignèrent dans la foulée le prince Umayado comme « Prince héritier » qui dirigea donc en fait le Yamato sous le nom de Shôtoku.

Sa « première » mesure fut de faire adopter, suivant en cela une tradition chinoise, en 603 un système de « rangs » basés sur la couleur des coiffures (« kan i jûnikai no sei »). Ce système se fondait sur le mérite (et non la naissance) et les vertus confucéennes traditionnelles que sont la morale, la bienveillance, la splendeur, la fidélité, la droiture et la sagesse (6 vertus chaque fois majeure ou mineure = 12 rangs). Ce système ne sera remplacé qu’en 701.

Plus fondamental, et encore plus marqué de l’influence sino confucéenne, est l’adoption en 604 de la « Constitution en 17 articles ». Ce texte, totalement dans la tradition « non juridique » confucéenne, divise l’état en trois parties : l’Empereur comparé au ciel, ses serviteurs et le peuple qui le « soutiennent ». Ce texte contient essentiellement des préceptes moraux destinés à maintenir l’ « harmonie » sous-tendue par l’idée du « chacun à sa place ».

Le Prince favorise également le Bouddhisme. Ainsi plusieurs temples d’inspiration directement bouddhiste, bâti sur le modèle chinois et introduisant la pagode, sont construits :

1. Le Shitennô-ji à Naniwa
2. Le Hôryû-ji à Nara

3. L’Asukadera à Asuka

… sont autant d’exemples de l’architecture de l’époque.

Deuxième étape importante : la réforme de Taika. Cette période commence avec l’élimination des Soga grâce à un complot ourdi par le clan Nakatomi avec l’aide de la cour impériale en la personne de Naka no Ôé (futur Empereur Tenji). C’est Kôtoku qui monte sur le trône en 645, ceci marquant sans doute l’apogée de la puissance des Empereurs japonais.

Il mena donc sa grande réforme Taika ("大化") ( C’est la première fois que la notion d’ère est introduite au Japon. Là aussi l’influence chinoise est évidente.)

Cette réforme consistait essentiellement dans l’adoption complète du système administratif des T’ang et par une centralisation accrue. Ceci se faisant au détriment des clans, on comprend que les Soga y étaient opposés et qu’ils furent « écartés ».

L’état fut divisé en province, district et village. Chacun de ces niveaux étant dirigés par un « haut fonctionnaire » généralement un membre de clan qui trouvait là une reconversion extrêmement valorisante. Chaque nivea avait essentiellement deux responsabilités immédiates :

1. faire un relevé de la population.
2. faire un relevé des rizières.

Ceci afin de permettre la mise en place du système de répartition des rizières (« Handen ») et, au passage, de percevoir de (très) lourds impôts. Ce système, sans doute assez adapté à la Chine qui a toujours connu une très forte centralisation encore qu’il n’y ait jamais fonctionné à pur et à plein non plus, montrera rapidement ses limites au Japon (Il n’a d’ailleurs "bien" fonctionné que dans la région centrale… les zones plus éloignées restant peu affectées par ces "réformes".)

Finalement, après une période extrêmement troublée pour le Yamato vers la fin du VIIème siècle (campagne militaire désastreuse en Corée suite à l’appel à l’aide du Kudara, révolte d’indigènes dans le Nord), c’est Tenmu-Tennô 天武 qui mettra un point final à la période d’Asuka (période dite « d’élaboration des codes »). Après avoir éliminé Tenji (Naka no ôe) et rétabli la capitale déplacée à Ôtsu par son prédécesseur à Asuka, il rédigera des codes administratifs (en remplacement du « kan i jûnikai no sei ») et un code pénal en 701. C’est également lui qui « commandera » la construction d’une capitale sur plan chinois appelée Heijokyô 平城京 (Nara) où la cour se déplacera en 710.

Bibliographie

HÉRAIL Francine, Histoire du Japon, des origines à la fin de Meiji, P.O.F., Paris, 1986.
ELISSEEFF Danielle, Histoire du Japon, Éd. du Rocher, Paris, 2001.
FRÉDÉRIC Louis, Le Japon : Dictionnaire et civilisation, Robert Laffont, Paris, 1996.

Sources photos

http://www.polytechnique.fr
http://www.world.water-forum3.com
http://www.taekwondobible.com

icon Auteur: Duncan

Une réponse à “Le Japon Ancien ou « Époque des Codes » – partie 1”

    Error thrown

    Call to undefined function mysql_connect()