Le Japon féodal – partie 3

3. L’époque de Muromachi 室町時代 (1333-1574)

Après la réunification des cours en 1392, Ashikaga Yoshimitsu pensait enfin exercer le pouvoir absolu duquel sa famille avait été en partie privé par la période de guerre civile dont le Japon sortait à peine.

Très rapidement toutefois, il déchanta: il lui apparut rapidement que les véritables vainqueurs de cette guerre étaient les généraux, les grandes familles, la noblesse guerrière. La noblesse de cour avait quant à elle été complètement évincée et ne devait plus jouer aucun rôle dans les périodes ultérieures.

C’est donc un Empereur insignifiant et un Shôgunat affaibli qui émergent de ces luttes intestines. Toutefois, en fin tacticien, Yoshimitsu saura (et la postérité gardera de lui cette image) s’imposer comme un Shôgun fort et avisé. Il reste le dernier "grand" Shôgun de cette famille Ashikaga au point de vue politique.

C’est sous son règne que les relations diplomatiques et commerciales sont reprises avec la Chine (au pris de légers sacrifices protocolaires: Yoshimitsu axcceptant de se présenter comme "Prince du Japon", titre qui sera contesté par la suite). Afin de montrer sa bonne volonté, Yoshimitsu lutte efficacement, au côté des chinois, contre les pirates japonais (wako) qui écumaient alors les eaux de la mer du Japon, pillant et dévastant les côtes chinoises et coréennes.

La reprise du commerce international permettra au Japon de connaître une croissance économique inédite: certaines catégories de marchands s’enrichissent prodigieusement et une nouvelle "caste" sociale voit le jour dans les grands centres urbains: la bourgeoisie. Parallèlement, les villageois, agriculteurs et paysans, voient leurs revenus s’effondrer et la famine frappe durement l’archipel notamment en 1460.

Yoshimitsu favorise également le mouvement religieux Zen (venu de Chine pendant la période antérieure). Cette philosophie de la méditation et du contrôle de soi est en effet d’une grande aide afin de "contrôler" des guerriers belliqueux chez qui cette doctrine connaîtra un succès retentissant. Le zen deviendra un des fondements du Bushidô, la voie des guerriers.

En 1397, Yoshimitsu se retire de la scène politique. Il vivra jusqu’à sa mort dans le luxe de son "Pavillon d’Or" 金閣寺 où il favorisera l’émergence du Nô (théâtre traditionnel nippon).

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Kinkakuji

Ses successeurs ne connaitront pas la même fortune. En effet, perçus rapidement comme des despotes autoritaires, haïs du peuple, les Shôgun Ashikaga ne joueront plus qu’un rôle mineur dans la vie politique nippone: en 1441, Ashikaga Yoshinori est assassiné par un général. Les guerres d’Ônin marquent le déclin définitif de cette famille.

Cette époque est marquée par des troubles de plus en plus inquiétants: les paysans ruinés forment des ligues (野一色) parfois armées par des seigneurs de guerre locaux et réclament violemment la remise de leurs dettes. La plus fameuse aura lieu en 1460 quand le Shôgun, lui aussi gros débiteur des nouvelles fortunes urbaines, décidera la remise totale de ces dettes par pur calcul opportuniste.

C’est dans cette atmosphère troublée que débutent les guerres d’Ônin en 1467. La cause de cette guerre est, comme souvent, une querelle de succession. Ashikaga Yoshimasa n’ayant pas d’enfants, il avait adopté son frère cadet et fait de lui son successeur. Peu après, sa femme, Hino Tomiko, donnera naissance à un fils et poussera son mari à changer les règles de succession établies en faveur de son frère. Evidemment, le frère en question en pris ombrage: il allât chercher de l’aide auprès d’une des plus puissantes familles de Daimyo de l’époque, les Hosokawa, pour attaquer Kyôto et reprendre le pouvoir. Yoshimasa quant à lui obtint l’aide de la famille Yamana.

La guerre dura 10 ans, opposant plus de 200000 combattants (sources probablement exagérées) et mena à la destruction de Kyôto. La bataille fini dans le désordre par la mort des principaux protagonistes. Yoshimasa choisit dès lors de se retirer dans son "Pavillon d’argent" 銀閣寺 où il favorisera l’émergence d’arts nouveaux comme "la voie du thé" 茶道 ou l’ikebana 生花 (arrangement floral).

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Ginkakuji et son jardin "sec" typique de l’art zen

C’est dans ce contexte troublé qu’émergèrent les Daimyo ("grands noms") qui allaient plonger le Japon dans une guerre de 100 ans qui ne s’achevera que par la victoire totale de Tokugawa Ieyasu!

Yoshimasa Ashikaga
Ikebana

Bibliographie

HÉRAIL Francine, Histoire du Japon, des origines à la fin de Meiji, P.O.F., Paris, 1986.
ELISSEEFF Danielle, Histoire du Japon, Éd. du Rocher, Paris, 2001.

FRÉDÉRIC Louis, Le Japon : Dictionnaire et civilisation, Robert Laffont, Paris, 1996.
MURASE Miyeko, l’Art du Japon, Pochotèque, 1996.

Sources photos

www.kinkaku-ji.or.jp
www.kansai-taxi.co.jp
www.shokoku-ji.or.jp

www.holymtn.com

icon Auteur: Duncan

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