|
Ah zut, j'ai raté leur prestation sur Canal... Pas grave, je suis allé les voir en concert le 29 avril à Joué-lès-Tours. Elles sont formidables! J'ai été quelque peu étonné de ne pas en avoir entendu parler par la presse Japonisante, je suis tombé par hasard sur LA seule date qui me convenait de leur tournée française sur leur site, j'ai pensé que la presse Japonisante en rendrait compte après, mais non, par contre elles ont eu un excellent article dans le "Rock'n'Folk" de mai, où on apprend entre autres choses que leur batteur en France s'appelle Jun et est avec elles depuis 4 ans. Elles m'ont foutu une sacrée grande claque. Ca fait du bien, je vous dis pas. Leur 1er CD international est sur le label Français Skydog - site facile à trouver - et était en vente à l'issue de leur concert, on le trouve aussi sur Webotaku. Il a tourné en boucle dans mon lecteur pendant 2 mois, j'en ai les oreilles explosées. Il y a dedans un DVD bonus avec 3 clips, un concert de 25 minutes au CBGB de New-York (désormais fermé, snif!), et deux autres titres en live dont le "Fat Liver" signalé plus haut. Mais j'arrête là, faut que j'en garde pour un article...
Espérons que l'édition marchera mieux qu'hier, vais pas me taper tout ça 107 fois, hier ça a planté, le serveur ne m'a pas reconnu. A moins qu'une bonne âme veuille bien paster une réponse, que je ne fasse pas de double post? Bon j'essaie.
Avril 2006
Delcourt a dû péter un plomb: leurs commentaires sur le groupe qui joue "Try your rocket" dans le CD bonus du tome 9 de "Beck" c'est un peu n'importe quoi. Le groupe ne s'appelle pas "Snake & Queen", mais "54 Nude Honeys", et ce ne sont pas des "ils" mais des "elles", on s'en convainc aisément en voyant leurs photos sur leur site. L'échantillon musical qu'on y trouve, le début de "Where is love", est bien meilleur que "Try your rocket". Je tombe sur leur programme de concerts, elles sont en tournée en ce moment. En France. Beuh?! Je regarde mieux: elles étaient à Nantes, ou Rennes... hier??!! Et un peu en-dessous il y a écrit:"Tours, Apr 29 (Sat)". C'est dans 15 jours et à 100 bornes de chez moi seulement, et compte-tenu de mes horaires de boulot à la c... cette date me convient tout à fait. Je décide qu'une occasion pareille de voir un groupe Japonais de ce style risque de ne pas se représenter avant 2 ou 3 siècles, il faut que j'y aille, point barre.
Elles doivent jouer dans une sorte de mini festival à Joué-lès-Tours, après 4 autres groupes, mais en allant réserver à la Fnac je découvre qu'elles n'apparaissent pas dans la programmation de la soirée??! Un ami strasbourgeois à qui j'avais refilé le tuyau m'avait téléphoné pour me dire que leur date Alsacienne, on ne la voyait nulle part... Je contacte l'organisateur du concert de Joué via le web, il me répond que si, elles seront là, pas de problème, ouf, plus qu'une semaine avant la date fatidique.
J'essaie de rameuter des gens pour venir avec moi, mais personne ne semble intéressé, soit, j'irai seul. Ma voiture a besoin d'une vidange, je ramène ma Clio chez moi la veille du concert, sur l'autoradio Stéphane Bern raconte qu'un de ses chroniqueurs était tombé sous le charme d'un groupe féminin nommé 54 Nude Honeys, surtout de la batteuse, avant qu'il ne s'aperçoive que c'était UN batteur!!! J'y vois un excellent signe...
Le jour dit, après une sieste compensant mon lever professionnel à 4 heures du mat', boulot bouclé/bâclé, je pars pour Joué-lès-Tours en prévoyant large, heureusement, je me perds en route, me rattrape, merci Autoroute 2002, et j'arrive devant la salle une bonne demi-heure en avance sur l'horaire d'ouverture des portes. C'est désert. Je me demande si c'est bien là. Je demande à un rocker qui vérifie ses SMS: si si c'est bien là. J'ai le temps d'aller prendre une collation et de revenir.
Surtout que les portes ne s'ouvriront finalement pas avant une autre bonne demi-heure de retard sur l'horaire prévu. Bien, j'attends. Peu à peu, des gens arrivent, et m'accompagnent au pied de grue, une superbe demoiselle et sa copine, on dirait Kim Basinger, des rockeux, 2-3 keupons, tiens, une Japonaise en couple avec un français, puis deux autres, lycéennes en civil. D'autres gens entrent et sortent de la salle en portant des trucs, je reverrai la plupart d'entre eux sur scène ou derrière les stands. Je ne suis pas très loin de la porte, on entend des sons de balance à l'intérieur. Celle-ci s'ouvre encore, deux Français suivent trois Japonaises qui sortent, oh ben?! Elles n'ont absolument rien d'extravagant, ni dans leurs tenues ni dans leur attitude, on les croiserait dans la rue sans faire attention, tout juste un épais trait noir autour des yeux et un petit sourire gentil, presque timide. Leur escorte et elles passent à trois mètres de moi, silencieusement, je ne sais pas quoi faire et ne fais rien à part regarder, tout ce petit monde s'engoufre dans un van à vitres teintées et lève le camp. On dirait que c'étaient elles. Pas grand-chose à voir avec leurs photos sur leur site. J'ai des doutes. Si ça se trouve leur musique est bien plus calme que je le croyais. Si ça se trouve c'était même pas elles. Après tout il manquait le batteur. Ou alors j'ai pas fait attention.
Les portes s'ouvrent enfin, je paie mes 13 euros en pensant que pour 5 groupes, dont un Japonais, c'est vraiment donné. Il y a des stands où on vend des fanzines, des T-shirts, des comics, un peu de tout, un type peint une fresque au pinceau, j'achète 2 séries de cartes postales sympa comme tout, entre Pucca et Beetlejuice, pour ma correspondante et pour moi, à apparemment l'auteure, on dirait des autoportraits, elle ressemble à Abby dans NCIS et j'aime beaucoup ce personnage. Pas de café à la buvette. Tant pis, coca.
Les concerts commencent, je passe dessus mais c'est dommage, les groupes étaient très chouettes bien qu'accueillis diversement, zut, j'ai raté le début du troisième, ça me servira de leçon, je prendrai mes précautions pour le suivant, bon, les 54 NH ne passent qu'en dernier mais quand même. Après avoir, comme le chanteur des Lost Communists, renoncé à prendre un autre coca à la buvette bondée, je descends dans la salle, un ancien cinéma reconverti avec une scène en hauteur, sur laquelle trois musiciens font leur balance finale, ah tiens? Se trouvent là une bassiste en bustier/culotte vinyl noir et bas de même couleur, une guitariste munie d'une Gretsch rose (...) habillée comme Xena la Guerrière les dorures en moins, et en robe de vinyl noir et collants résille UN batteur. Des Japonais. Il y a des problèmes de retour au chant et à la batterie, c'est surtout le batteur qui parle au régisseur, en Anglais. Ils sont tous trois très calmes, déambulant sur scène dans leurs accoutrements sexy très naturellement, comme en tenue de ville. Oh ben? C'est eux, les 54? Le groupe ne devait passer qu'à la fin... Je m'approche de la scène, il n'y a pas encore trop de monde, et je regarde les filles. Habillées comme ça, aucun doute, ce sont bien celles des photos. Ce sont aussi celles qui sont passées devant moi tout à l'heure, moins une. Oh ben. Bien fait de descendre en avance, moi. Mais... c'est vraiment les mêmes??
Le batteur à moustache pas rasée s'installe derrière ses fûts, Vivi se place sur sa droite, Kotome sur sa gauche, elles tournent leurs dos - magnifiques - au public, se consultent du regard, étirent longuement leurs bras vers le haut, retentit alors le début de "Carmina Burana", je me dis qu'après une intro pareille elles ont intérêt à assurer. La guitare fait larsen, Kotome a beau faire, elle n'arrive pas à l'arrêter, sauf quand elle se retourne pour attaquer le début de "Drop the Gun", un riff rock agrémenté d'un petit gratouillis de cordes tout à fait sympathique. La basse et la batterie la rejoignent, tout de suite on augmente en puissance, ça donne envie de bouger, c'est très efficace et moins gentil qu'il n'y paraissait. Enfin déboule sur scène une sorte de furie en robe noire comme celle de Vivi sur la photo en haut de ce topic, elle titube comme si elle était saoûle, s'accroche au micro, c'est Yuri la chanteuse, la robe lui va beaucoup mieux, elle commence d'une voix aigüe et puissante, on dirait que, surpris, le public ne comprend pas bien ce qui vient d'arriver. Oh oui comme j'ai bien fait d'arriver en avance!
Elles enchaînent titre sur titre en s'interrompant à peine pour boire une gorgée de... bière? En tous cas c'était en canettes, et pour signaler par signes au régisseur que les problèmes de retours sont toujours là. Elles jouent un rock puissant, nerveux, sur des bases classiques dopées, c'est plutôt du garage ou du psychobilly que du punk, et c'est très impressionnant. Vivi la bassiste, bien campée sur ses deux jambes, ne sourit presque jamais, mais assure une rythmique imparable, un régal quand c'est elle qui commence un morceau. A l'inverse, Kotome la guitariste arbore presque constamment un petit sourire tout gentil qui contraste singulièrement avec la hargne de certains de ses riffs. De temps à autre, elles jouent une corde à vide en laissant retomber leur main gauche, c'est la première fois que je vois ça. Jun le batteur, tout au fond, est bien discret, mais il assure vraiment bien, en communion avec ses "soeurs". Apparemment, la plus jeune c'est Yuri la chanteuse, mais à quoi elle marche, elle est déchaînée, les cheveux dans les yeux, jouant avec le fil de son micro, invectivant le ciel, incapable de rester tranquille plus de deux secondes de suite, une vraie furie sautillant sur place, ouvrant parfois les bras tout grands comme si elle voulait nous embrasser tous. Entre deux titres, elle dit: "We are 54 - NUUUUDE - HONEEEYYYS!! And we come from very far." Quelqu'un dans le public répond: "On vous aiiiime!!" Je suis bien d'accord!
Elles chantent en Anglais avec un accent pas possible qui fait qu'on n'y comprend pas grand-chose, mais ça n'a qu'assez peu d'importance, sur certains titres comme "Hard Drunker" c'est même mieux, ça le rend encore plus hargneux et méchant. Leurs chansons atteignent rarement les trois minutes, mais c'est tellement intense qu'on dirait pas. Je suis tombé amoureux de "Fat Liver", "No Way" et "Go to Hell" dès les premières mesures et sans en rien connaître auparavant, c'est extrêmement rare, et je ne savais pas encore ce qu'elles me réservaient après ces mesures-là. "No Way" ne dure même pas deux minutes, mais développe une telle montée en puissance que ça ressemble à un tsunami dans lequel on se laisse emporter, le souffle coupé, c'en est presque effrayant. Presque à la fin du concert, "Go to Hell" commence tranquillement, Yuri doit être complètement naze après tout ce qu'elle a donné, mais sa voix résonne plus claire que jamais, agréable, j'en souris. Et puis la rythmique passe brutalement à 1000 km/h, Yuri hurle, et on sait plus où on habite. Puis tout se calme, et la mélodie se fait très... Japonaise lorsque Yuri, pour une fois presque immobile, chante "You-go to-He-e-ell/ You-go-to-Hell". Ces paroles-là, chantées comme ça, à ce moment-là, ont beaucoup plus d'impact que si elles étaient criées comme d'habitude, et on se dit que puisqu'elle le veut, on va y aller, en Enfer, même si on comprend pas pourquoi. Fading. Et ça repart brutalement à 1000 à l'heure. Dans ce morceau, elles changent 7 fois de rythme en moins de 3 minutes. Epoustouflant.
A un moment, un type juste devant s'est arc-bouté dos contre le bord de la scène, avant de se redresser avec un sourire extatique. Ah ouais d'accord. Yuri est juste au-dessus de lui, et elle porte une robe très courte. Les filles apprécieront. En transes, elle semble ne rien avoir remarqué, tant mieux, qu'allait-elle penser des Français? Mais qu''est-ce qu'elle fait, là, maintenant, presque à la fin du set, au beau milieu d'une chanson? Elle se colle contre la tour d'amplis à droite de la scène, lève ses mains le plus haut qu'elle puisse, attrape le bord d'une enceinte et se hisse dessus, la voilà coincée entre la sono du concert et l'un des baffles de la salle au-dessus de sa tête, elle s'accroupit et continue de chanter, j'étais assez près, et comme bien des gens j'ai pu voir ce que le type de tout à l'heure avait mis en joie: elle portait une culotte jaune crème, et c'est bien une fille... Juchée tout là-haut, elle n'a vraiment pas beaucoup de place, et se couche sur la tour pour mimer un crawl avant de sauter sur la scène, elle se reçoit en roulé-boulé, l'espace d'une seconde je vois ses talons aiguilles pointés vers le ciel, elle s'est déjà relevée et continue d'assurer comme si rien ne s'était passé. Cette fille est folle.
Le concert s'achève peu après, elles posent leurs instruments et quittent la scène après un ultime "Thank you!!". J'ai peur que Yuri ne se soit fait mal. Bien sûr qu'il y a des rappels, on leur assure encore qu'on les aime, j'ai envie de crier "Ai shite imasu" mais ma timidité me retient. Un techno passe en coulisses, ressort et fait un signe X avec ses deux bras au régisseur, c'est vraiment fini, elles ne reviendront pas. Elles auront consommé la moitié d'une centrale nucléaire à elles toutes seules, et nous en auront retransmis l'énergie intégrale, intacte.
Le public est fatigué, repu. Ca ne l'empêche pas de vider le stand où on vend les CD/DVD, badges, patches, affiches et T-shirts, mais tout en calme, ça a un côté assez étrange. Ah oui il y a un autre concert après, on avait presque oublié, c'est d'ailleurs devant une salle à moitié vidée que les Chinese Lungs se produisent. J'entends un type, la cinquantaine, abdos Kronembourg, dire derrière moi: "J'aurais bien acheté un T-shirt, mais y zavaient pas ma taille..." Après les 54 Nude Honeys, je trouve Chinese Lungs insipides, ils bougent beaucoup mais brassent du vide, pas aussi sincères que les 54, c'est vraiment bizarre, ils sont très sympa pourtant, j'ai échangé quelques mots avec eux après leur set, mais... J'aurais été impressionné par les 54 à ce point-là?? On dirait bien.
Un attroupement et beaucoup de lumière du côté des stands comics, fanzines etc, je jette un coup d'oeil, c'est Jun en civil qui est descendu voir, et qui s'est retrouvé interviewé par un camescope dont le projo l'éclaire au centre d'un cercle de spectateurs/trices admiratifs et silencieux, je le vois de dos, il salue tout le monde très gentiment et se retourne, s'en va tranquillement. La Japonaise en couple avec un Français l'intercepte poliment, ils échangent quelques mots, elle lui tend son CD, Jun monte un escalier et revient deux minutes plus tard avec le CD autographié et... une poire pour la demoiselle, qui refuse poliment. Je pense par devers moi que je ne suis qu'un sinistre imbécile pour ne pas avoir demandé aussi. Timidité de m...
Si j'ai la chance de les voir un jour repasser devant moi, je hurlerai à cette timidité de se la fermer, le temps de me prosterner bien bas devant les 54 Nude Honeys, parce que du haut de leur mètre soixante maxi sans les talons, c'est des ROCKEUSES, des VRAIES, des GRANDES.
PS: à Joué, elles ne nous ont donné que le versant purement "pêchu" de leur travail, on trouve parmi les 19 titres de leur album des morceaux plus calmes et plus enjoués. Mais vaut mieux tout de même le jouer TRES FORT.
_________________
Miya-Chan... Edena-Chan... Anata... Anata doko desuka?
|
