Les fondements de la pensée chinoise

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Par Jean-Claude Pastor, maitre de conférence, université de Bordeaux III.


Dans le cadre d'un semestre "Religions Asiatiques" au Musée d'Aquitaine à Bordeaux, j'ai pu assister à cette conférence, fort intéressante même pour un japonisant comme moi, car on ne peut pas dire que l'on connait bien le Japon si l'on ne connait pas certains aspects sinisants qui sont à l'origine de nombreux us et coutûmes du pays du soleil levant.

Je ferai ici un survol de l'ensemble de cette conférence sur les notes que j'ai pu prendre, car il y avait beaucoup à découvrir et peu de temps pour l'assimiler. Un complément viendra au fil des semaines suivantes car je participe à d'autres conférences, autant sur la pensée chinoise que japonaise (shintoisme entre autre).

Introduction :

Les premières traces apparaissent chez les proto-chinois du néolithique (-10000 à -3000 environ). On a peu d'éléments pour décrire cette "pensée" hormis par les fouilles archéologiques qui ont pu mettre à jour des sites où étaient pratiqués des sacrifices humains et animaliers (ainsi que des rites funéraires avancés).

Développement :

L'âge de bronze sous les dynasties Xia (-2205 à -1767, qui a longtemps été considérée comme mythique bien que l'archéologie ai mit à jour des sites comme les "cités-palais" faisant ainsi de cette dynastie la première de la longue histoire chinoise) et Shang (-1767 à -1122) agrémentera les connaissances de cette période d'élements importants.
On trouve par exemple des traces de pratiques rituelles élaborées, telles que la scapulomancie (divination sur omoplates animalières) dans la province du Henan.
On a également retrouvé des tripodes peints (vases à trois pieds) servant aux libations => première apparition d'une proto-écriture chinoise.

Théories avancées :

Vers -2500 la société chinoise pro-Shang va être marquée par une conscience rituelle unique, les caractères vont se développer et certains prendront alors tout leur sens dans cette logique (cf. hanzi de "li" le rite, qui éthymologiquement se réfere aux libations). On observe ainsi une dénaturation de la pensée religieuse primitive (rites sacrificiels, divination (scapulomancie et ostéomancie)) au profit d'une "rationnalisation" de la cosmologie.
Ces proto-chinois croyaient en une entité supérieure qu'ils nommaient "Di" (dynastie Shang) qui commandait la Destiné des hommes et la Nature, et contrairement aux pratiques liturgiques plus anciennes, aucun sacrifice n'était perpetré pour cette entité.
Le "Di" deviendra "Shang" (littéralement "d'en haut") "Di" (littéralement "souverain") sous la dynastie Zhou, et les chinois vénereront deux entités distinctes, "Shangdi" ainsi que leurs ancêtres (coutûmes très importantes dans les cultures indo-asiatiques).

Théories cosmologiques :

Un changement important va survenir vers la fin de la dynastie Zhou. Le terme "Di" sera remplacé par le terme "Tien" ("ten" en japonais le ciel à caractère religieux). On assiste dès lors à une conversion progessive des rites animistes vers une pratique cosmologique et ainsi à des "sacrifices" au Ciel (qui dureront jusqu'à l'orée du XX ème siècle) toujours en direction du Sud (le pilier cosmique).
Un culte symétrique à celui du Ciel (qui se pratiquait sur des sites de forme ronde car c'est la représentation que les chinois font du ciel) va apparaitre ; celui de la Terre (Terre au sens spirituel également, sur des sites de forme carrée, représentation de la terre).
On associera alors le Yin (Terre) et le Yang (Ciel) à ces entités.
Le développement du calendérisme (ancienne étude de l'astronomie) va propulser véritablement ces cultes. Les anciens devins deviendront alors calendéristes cherchant dans le ciel des récurrences pour rythmer les actes liturgiques sur le calendrier céleste.
Les chinois ne croient pas en un dieu unique transcendant, et il n'y a pas à proprement parler de "culte religieux" et de "prêtrise" par manque de personne qui auraient pu être dédiées à la reflexion métaphorique et liturgique. Ils croient en une énergie cosmologique qui n'aurait ni fin ni début.

Le Ciel est le fond de toute vérité, et le terme devient alors une "norme" d'un principe céleste --> la "raison céleste originelle" d'où la Réalité procède. Vers le IX ème siècle avant J.C on voit surgir une convergence de l'ordre surnaturel (rites des proto-chinois) vers l'ordre naturel du Ciel. Le "souffle cosmique" (気 Chi en chinois et Ki en japonais) ainsi que ses deux aspects indissociables Yin (土, Terre) et Yang (天, Ciel) se scindent en cinq élements, (火, feu) (木,bois) (水,eau) (金,métal) (土,terre). Le "principe céleste" est alors associé au "bien universel".
Sous la dynastie Han (-200 à 200 environ) se développe la notion de "raisonnance" qui explique tout par la cosmologie associée au souffle vibratoire (principe du Tao). L'homme est ainsi sensé entretenir l'harmonie entre les différentes parties de son être et les élements célestes sous peine de perturbations physique et psychique (cf. ouvrage du Yiking "une fois Yin, une fois Yang, c'est le Tao").


Ceci clot l'introduction à la pensée chinoise, qui pose les bases de toutes formes de pensées élaborées ultérieurement ou en marge, comme le Confucianisme et le Taoisme, qui auront chacun une explication à part entière.

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