Je me suis livré à un exercice difficile: essayer de trouver des points positifs à la catastrophe qui touche le Japon en ce moment. Histoire de voir si l’on peut toujours tirer quelque chose de bon même dans le pire je voulais trouver 10 points positifs, je n’en ai trouvé que 5. Peut-être pourrez-vous compléter la liste.
Le Japon et les japonais sur le devant de la scène
Du jour au lendemain le Japon s’est retrouvé à la une de l’actualité. Quelque part la catastrophe qui l’a touché l’a aidé à se créer une identité. En occident beaucoup de personnes ne savaient encore pas placer le Japon sur une carte et le confondaient grossièrement avec la Chine. Vue de loin, par quelqu’un qui ne s’intéresse pas à l’Asie, tous les pays du coin sont plus ou moins les mêmes. Maintenant on est sûr que tout le monde connaisse le Japon. Le point positif qui ressort de ça c’est surtout que les gens ont découvert les japonais qui ont montrés une excellente image de leur culture à travers des scènes calmes, dénuées de violences ou de crimes alors qui la situation post-séisme a tout pour faire ressortir le pire côté des hommes (vols, viols, bousculades, scènes de panique, désorganisation…). On a rien vue de tout ça au Japon. Partout où c’est possible les japonais montrent même un comportement exemplaire en continuant leur vie le plus naturellement possible. Ici tout le monde sais que pleurer ne réglera pas la situation. Continuer à travailler, à consommer, c’est la meilleure solution pour que tout redevienne “normal”.
De plus l’ampleur des dégâts et le choc des images font que le Japon a attiré la sympathie de tout le monde. Des pays des quatre coins du globe envoient des équipes de secouristes et du matériel, toute la planète fait des dons pour aider, même les stars américaines se mobilisent et participent à leur manière. D’un coup tout le monde s’est senti plus proche et solidaire du Japon.
D’un côté plus pragmatique le Japon a aussi montré que le monde ne pouvait pas “tourner rond” sans lui. Lorsque le Japon est touché c’est tout le monde qui est touché. Lorsque les usines japonaises s’arrêtent le marché mondial de l’électronique en pâtit (on le voit avec l’iPad 2), pareil pour l’automobile et les constructeurs étrangers qui dépendent de pièces japonaises (Renault) pour continuer à fabriquer leurs voitures etc. Bref on a aussi compris que le Japon était un pays important et bénéficiant d’une excellente réputation pour la qualité de ses produits.
La relance de l’économie
On en parle beaucoup en ce moment. La catastrophe sera sans doute la plus chère de l’histoire. On parle de 200 à 300 milliards de dollars de dégâts matériels et il faudra ajouter la dessus les immenses pertes financières dues aux coupures d’électricité, et sûrement aussi des parts de marché perdues surtout au profit de la Corée, des États-Unis ou de l’Allemagne dans les secteurs de pointe et l’automobile.
Par contre la reconstruction qui va créer des emplois et entraîner d’énormes mouvements d’argent pourrait au final relancer l’économie japonaise. On connaît la capacité que les japonais ont à se relever après un coup dur. Après le tremblement de terre de Kobe en 1995 qui avait complètement ravagé la ville détruisant les routes, les ponts et près de 80 000 logements, la ville était de nouveau “en état” seulement 2 ans après la catastrophe. En en 2003, soit 8 ans après le séisme, 200 000 logements avaient été construit alors que le plan de reconstruction initial n’en prévoyait que 85 000. En comparaison, plus d’un an après le séisme d’Haïti en 2010, la reconstruction n’a toujours pas été entamée.
Le Japon a également réussit à se relever de la seconde guerre mondiale et même à devenir plus puissant que jamais malgré la destruction presque complète de sa capitale par les bombardements et les attaques nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki.
Si un pays peut se relever et devenir plus fort au final c’est bien le Japon. L’histoire l’a déjà montré.
L’entraide et la solidarité au Japon
Le Japon est plein de bonnes choses mais les japonais ont un grand côté individualiste. Surtout à Tokyo. On est poli et respectueux envers les autres, généreux avec ses proches, mais on final on se souci très peu, voir pas du tout de ce qui arrive aux autres. C’est un peu pareil dans tous les pays modernes mais si on compare à la France par exemple le Japon n’a pas cet esprit de compation envers les autres. Ici on ne s’apitoie pas sur le sort d’un sans-abri, on se dit que s’il veut un toit sur la tête il n’a qu’à travailler.
La catastrophe a touché tout le monde. Et tout le monde en ressent les effets. Tout les japonais subissent les conséquences du séisme. Que ça soit en pleurant un proche, en étant privé l’électricité plusieurs heures par jours, ou en faisant la queue pour faire le plein d’essence, tout le monde est touché d’une façon ou d’une autre. Le tremblement de terre a réussi à rapprocher les japonais dans le malheur et l’adversité et un véritable esprit de coopération et de solidarité s’est développé dans le pays. Dans les moments difficiles, on se sert les coudes.
En plus tout le monde participe d’une manière ou d’une autre à l’amélioration de la situation. Beaucoup font des dons, du bénévolat ou des collectes (la croix rouge, le Lions Club, les associations de quartier, le club de baseball du coin etc.) et chacun participe au quotidien et économisant l’électricité. Continuer à vivre normalement en travaillant et en faisant des achats comme le font les japonais contribue aussi à faire tourner les entreprises qui se trouveraient encore en plus grande difficulté si les gens “s’arrêtaient de vivre”.
Incontestablement le tremblement de terre a rapproché les japonais.
Les relations internationales
Le Japon n’est pas le pays qui a les meilleurs relations avec ses voisins. Les relations avec la Chine sont particulièrement tendues en ce moment et des tensions existent aussi avec la Russie et la Corée du Sud. La Corée du Nord inquiète également. D’un coup en revanche toutes les disputes et les rivalités avec ces pays ont disparues laissant place à un esprit de coopération et d’entraide. À la télé on a vu le Japon accueillir des équipes de sauveteurs chinois et coréens et les gouvernements ont multipliés les messages de sympathie les uns envers les autres. C’est un épisode certainement très provisoire (la Chine recommence déjà à montrer les dents) et plutôt d’apparence, mais que l’on apprécie tout de même.
Un pays plus sûr et mieux préparé
Si le Japon était un pays dangereux hier (d’un point de vue catastrophes naturelles) il le sera toujours demain. Mais moins. Il ne fait aucun doute que les japonais vont tirer des leçon de cette tragique expérience.
Suite au tremblement de terre de Kobe les japonais ont considérablement améliorés leurs méthodes de construction pour bâtir des bâtiments encore plus résistants aux secousses sismiques. Et ça a marché. On a pu voir que les dégâts causés par le séisme du 11 mars étaient plutôt minimes pour une magnitude de 9.0. Aujourd’hui les japonais savent qu’ils doivent mieux se défendre contre les tsunami et de gros efforts vont surement être fait de ce côté.
Pareil pour le nucléaire. Le Japon a pris conscience encore plus profondément des dangers qu’il représente et vont mettre à profit leur expérience pour mieux protéger leurs installations et travailler sur de nouveaux moyens de faire face à d’éventuels problèmes.
Les japonais qui viennent de vivre un gros séisme seront aussi certainement mieux préparés si un autre monstre du genre frappe le pays. On attend toujours un gros séisme à Tokyo et avec ce qu’il vient de se passer son effet sera peut-être moins dévastateur s’il a lieu (quand il aura lieu?).
On peut faire confiance au Japon et aux japonais pour tirer les bonnes conclusions et trouver les bonnes solutions pour faire du pays un endroit toujours plus sûr.
Il y a peu d’endroits au monde où il pourrait ressortir de bonnes choses d’une catastrophe aussi exceptionnelle que celle qui a touché le Japon. Mais le Japon est un pays solide qui saura trouver les moyens financiers et techniques, la volonté et le support de sa population, pour se reconstruire rapidement et encore mieux qu’avant.