Tout le monde fait des provisions
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Tout le monde fait des provisions

Ce matin je suis allé faire des courses en pensant acheter de l’eau et des produits qui se cuisinent sans eau. Dans les prochains jours nous ne sommes pas à l’abri que l’eau du robinet soit contaminée par les gaz radioactifs qui s’échappent de la centrale nucléaire de Fukushima. Autant essayer de ne pas boire d’eau radioactive si possible.

Évidemment je n’étais pas le seul a avoir eu cette idée et même s’il ni avait ni bousculade ni tension palpable dans les supermarchés il y avait plus de monde qu’un dimanche classique et les paniers des clients étaient plus remplis que d’habitude.

En arrivant à mon supermarché de quartier j’ai eu du mal à trouver une place pour mon vélo et plus tard j’ai du chercher pour trouver un cadis. C’est la première fois que ça m’arrive ici en près d’un an. À première vue en voyant le coin des fruits et légumes le magasin n’avait l’air de manquer de rien mais plus j’avançais et plus je voyais de rayons vides. Les produits qui sont actuellement épuisés dans la plupart des endroits sont l’eau, les oeufs et les nouilles instantanées ainsi que quelques boissons et des produits laitiers. Pas de soucis près de chez moi pour tout ce qui est viande, poisson, légume et riz. Il y avait même des bentos et des viennoiseries en pagaille.

En boisson il reste beaucoup de thé vert, du lait et des jus de fruits et je me suis rabattu là-dessus. Le rayon surgelé était plein aussi et j’ai fait une provision de pizza et plats micro-onde.

Pour résumer je dirais que les japonais ne sont pas paniqués mais tout de même prudents. Certaines choses commencent à manquer mais d’autres produits sont largement disponibles pour compenser. Il n’y a pas encore de quoi s’inquiéter de manquer mais je vais regarder dans quel sens évolue la situation.

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Le soutien des cosplayers au Japon
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Le soutien des cosplayers au Japon

Le site Prayers from Cosplayers, ouvert en réponse au séisme du 11 mars, invite les cosplayers du monde entier à envoyer leurs encouragements et leurs sourires en photo comme message de soutien au Japon et aux japonais. Une initiative originale et rafraîchissante qui permet de voir de beaux cosplay d’un peu tous les pays.

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J’ai regardé toutes les photos et je n’y ai vu que 3 français 🙁

Ishinomaki – 142 jours après le séisme
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Ishinomaki – 142 jours après le séisme

Hier je suis allé dans le nord du Japon, plus précisément dans la préfecture de Miyagi qui a été durement frappée par le tremblement de terre du 11 mars 2011 suivi d’un tsunami atteignant jusqu’à 10m de hauteur. J’ai traversé une partie de la ville, pas la partie portuaire qui a été touchée de plein fouet par le tsunami, mais les quartiers d’industrie et d’habitation situés près du fleuve qui traverse la ville.

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Environ quatre mois et demi après le séisme je ne m’attendais pas me trouver face à un tel spectacle. Des quartiers entiers ont été ravagés et ressemblent à des villes fantômes. Le gros des débris a déjà été nettoyé et rassemblé formant des montagnes composées de milliers de tonnes de morceaux de maisons, d’épaves de voitures et de tout ce que l’on peut imaginer. Les rues ont été dégagées et il est possible de circuler librement dans la ville. La plupart des bâtiments que j’ai vu étaient encore debout mais on été complètement éventrés par l’eau débordant du fleuve qui a tout détruit sur son passage. Ça et là on aperçoit des bateaux au milieu des maisons, des voitures retournées et un grand nombre de monceaux de ferraille dont on ne peut identifier le contenu. Le spectacle est à couper le souffre tellement tout parait incroyable. J’avais eu l’occasion de voir les dégâts causés par l’énorme séisme du Sichuan (Chine) en 2008 mais les zones d’habitations ravagées étaient de petits villages de montagne. La puissance de la nature est encore plus impressionnante quand on voit ce qu’elle peut faire à des bâtiments solides de plusieurs étages.

Plus de 3 000 personnes ont trouvé la mort à Ishinomaki.

Vous trouverez ci-dessous une vidéo découvrant une partie de la ville. Pour les photos suivez ce lien.

Tremblement de terre!
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Tremblement de terre!

Vous êtes tous au courant qu’il y a eu un tremblement de terre énorme au Japon aujourd’hui. Je rentre juste du boulot après 4h de marche, les transports en commun étant stoppés, et je n’ai même pas d’eau chaude pour pendre une bonne douche donc je suis crevé. Mais je vais bien et mes proches aussi.

Demain vous aurez un rapport complet sur le tremblement de terre avec photos et vidéos. Pour ce soir juste quelques mots si j’arrive à garder les yeux ouvert.

Le tremblement de terre était impressionnant. En fait il s’agit d’une vague de plusieurs secousses dont deux ont été assez grosses. La première grosse secousse a eu lieu un peu avant 15h et la seconde 30 minutes plus tard.Là il est minuit et demi et on ressent encore des secousses toutes les 20 minutes environ. Dehors l’atmosphère est très étrange. Les trains et métros étant arrêtés des centaines de milliers de personnes rentrent chez-elles à pied en marchant des heures. Dans la rue on ne ressent pas du tout les secousses alors que dans les bâtiments ça tremble dans tous les sens.

Tokyo a été plutôt épargnée et il n’y a pas de très gros dégâts matériels. Enfin rien de vraiment visible dans la rue mais j’ai vu aux infos que le nouvel aéroport près de la ville par exemple avait pris un sacré coup. Rien de comparable toutefois avec ce qui se passe dans le nord du pays où des tsunami avec des vagues de parfois 10m rasent des villes entières. Pour l’instant le bilan officiel et de 200 morts et des centaines de disparus mais en voyant les images on a l’impression que les victimes vont se compter en milliers.

Pour vous donner une idée de comparaison je ressens la même sensation que lors des attaques du 11 septembre à New York. Tout le monde est scotché devant les infos, personne ne sait si c’est fini ou si ça va continuer encore longtemps, de nouveaux endroits sont régulièrement frappés et le bilan des victimes s’alourdi petit à petit.

Demain je devais aller à une réception de mariage qui a été annulée car l’intérieur de la salle de réception a été saccagé par les secousses et de toute façon personne ne voudrait faire la fête ce jour là.

À demain pour plus de détails.

Mobilisation générale du Japon pour aider les victimes
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Mobilisation générale du Japon pour aider les victimes

Aujourd’hui on voit toujours autant d’images du séisme à la télévision mais de plus en plus les scènes d’horreur sont remplacés par des scènes de solidarité. Partout les gens se mobilisent pour récupérer des dons en argent ou en matériel pour aider les victimes de tsunami. Des gens acheminent des camions de couvertures dans le nord et les grandes compagnies lancent des opérations pour récolter de l’argent.

Sur Yahoo! par exemple près de 250 000 personnes ont déjà donné environ 3.5 millions d’euros. On peut suivre l’évolution des dons façon téléthon sur cette page.

Autre exemple l’opérateur téléphonique AU vend des fonds d’écran pour téléphone portable et reverse les bénéfices aux victimes.

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Côté aide internationale on a vu arriver des équipes de secouristes de Chine, Corée et États-Unis dans la journée.

La vie ne s’arrête pas à Akihabara
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La vie ne s’arrête pas à Akihabara

Le mardi 22 mars, 11 jours après le séisme, la vie ne s’est pas arrêtée à Akihabara, le quartier de l’électronique de Tokyo. Malgré la pluie et un jour de semaine il y avait bien des gens dans la rue et dans les magasins. Peu d’étrangers en revanche même si j’en ai vu deux ou trois (en général c’est plutôt des dizaines).

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Malgré la pluie on voit toujours du monde dans les rues.

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Le grand magasin d'électronique Yodobashi Camera n'a pas l'air de manquer de clients

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Loin de paniquer devant "la menace nucléaire" les gens continuent de faire du shopping.

Onagawa – 142 jours après le tsunami
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Onagawa – 142 jours après le tsunami

Après avoir traversé la ville en partie détruite d’Ishinomaki j’ai continué ma route vers le nord en direction de la ville portuaire d’Onagawa.

Onagawa a été frappée de plein fouet par une vague destructrice de 17m de hauteur qui s’est enfoncée dans les terres sur environ 1km, emportant tout sur son passage et faisant plus d’un millier de victimes.

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Ce qui frappe directement en arrivant sur les lieux de la catastrophe c’est le vide. Là où devraient se trouver des dizaines d’habitations on ne voit plus rien, juste des fondations et quelques débris. Débris qui il y a quelques semaines recouvraient le sol sur parfois plusieurs mètres de haut mais qui ont été collectés avec comme idée en tête de permettre la circulation des véhicules puis les premiers pas vers la reconstruction. Nous sommes dimanche mais les camions ne cessent de passer transportant toujours autant de décombres. Tout près une équipe de journalistes japonais fait un reportage sur le terrain rasé de ses maisons.

Suivant une petite route on arrive à l’hôpital situé en hauteur. De là on a un panorama incroyable sur l’ensemble du port. On voit des bâtiments de plusieurs étages totalement détruits, certains ont été couchés sur le sol sans se briser et transportés quelques mètres plus loin. Sur le toit d’un immeuble j’aperçois la toiture entière d’une autre maison. À côté de moi une brigade de pompiers assiste au même spectacle.

En ce déplaçant à pied au milieu des ruines on se rend encore plus compte de la force d’un impact occasionné par un tsunami. Par endroit le sol s’est enfoncé de plusieurs mètres sous le poids de l’eau. Des morceaux de route ont été déplacés, les immeubles les plus solides, qui de loin paraissaient avoir mieux résisté au choc, sont totalement dévastés eux aussi même s’ils sont restés debout. On imagine mal comment une personne aurait pu survivre ici. Partout les horloges qui n’ont pas été emportées sont arrêtées à la même heure.

Ci-dessous une vidéo de la zone portuaire d’Onagawa. Pour les photos suivez ce lien.

Problème de réapprovisionnement dans les combini
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Problème de réapprovisionnement dans les combini

Hier soir en voulant aller acheter un bento au 7 Eleven du coin j’ai trouvé des rayons vides dans le combini. C’est la première fois que je vois ça au Japon. Plutôt qu’une ruée vers les provisions je penche plutôt pour des problèmes d’approvisionnement car ce sont les produits frais uniquement qui étaient en rupture. J’ai tout de même trouvé de quoi faire un bon repas et j’ai craqué pour le jus de pêche One Piece histoire de faire sourire ma belle-famille au moins une fois dans la journée qui s’amusent de mon côté otaku.

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Plus de bento ni d'onigiri ou salade au 7 Eleven
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Désert également au rayon des pains et viennoiseries.
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Je trouve quand même mon bonheur avec des frites et du poulet. Et même du chocolat au goût gâteau au fromage, encore une nouveauté.
Illustrations du tremblement de terre par Rémi Maynègre
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Illustrations du tremblement de terre par Rémi Maynègre

web2011-3-11seisme-sendai01 Rémi Maynègre et un illustrateur et auteur de BD qui présente le Japon à travers une série d’aquarelles jolies et colorées. Les évènements des derniers jours l’ont poussé à peindre des tableaux d’une nature différente, représentant fidèlement des scènes du tsunami qui a ravagé le nord du Japon. Une manière pour lui d’exprimer sa solidarité avec le peuple japonais.

icon Ses illustrations sur le Japon

Séisme – Les choses dont je vais me rappeler
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Séisme – Les choses dont je vais me rappeler

Vivre le séisme et tout ce qui s’en est suivi au Japon a été une expérience, vous pouvez vous en douter, unique et inoubliable. Parmi la foultitude de choses que j’ai vu, entendu ou resenti ces derniers jours certaines m’ont marqué plus que d’autres et voici ce que je pense que je n’oublierai jamais. Dans l’ordre chronologique:

Le séisme

Ou plutôt “les séismes”. Vivant au Japon depuis tout de même un certain temps je suis habitué aux séismes, enfin aux petits séismes. Le séisme qui a frappé le Japon le 11 mars était “un vrai”, une chose que l’on oublie pas. Étonnamment il ne m’a pas fait tellement peur, j’étais plutôt curieux et quelque part fasciné. En revanche les répliques qui ont suivies et suivent encore sont plus inquiétantes même si elles n’ont rien à voir en intensité. Je pense que les gens ici sont très loin de vivre dans la peur mais tout le monde a prit conscience que les gros séismes existent aussi. À chaque secousse on se demande un peu si elle ne va pas devenir plus grande, ou si une ville à l’autre bout du pays n’a pas été ravagée.

Les premières images à la télé

Les trois premières heures qui ont suivi le tremblement de terre je n’aurais jamais imaginé l’ampleur des dégâts causés dans le nord du pays. Ce n’est qu’arrivé à la gare après le travail que j’ai vu les premières images de vagues géantes qui emportaient tout sur leur passage. Je regardais la dévastation au milieu d’une foule silencieuse dans laquelle personne n’arrivait à détacher ses yeux de l’écran. Alors que dans les moments qui ont suivi le séisme j’étais excité d’avoir vécu quelque chose d’exceptionnel j’ai réalisé que des gens qui vivaient dans le même pays étaient confrontés à l’horreur et ça a été un petit choc. En un instant on prend conscience de plein de choses et on se sent comme lié avec les gens qui vivent la tragédie.

La traversée de Tokyo à pied

Privé de train le soir du tremblement de terre j’ai dû rentrer chez moi à pied comme des centaines de milliers de personnes. Voir les rues de Tokyo envahies par la foule, les trottoirs plein de monde et toutes les voitures à l’arrêt, et un souvenir unique. Tout le monde marchait dans la même direction avec les mêmes pensées en tête. On voyait des gens avec des casques ou des kits de survie et les cabines téléphoniques retrouvaient une utilité soudaine devant la saturation des réseaux de téléphone portable. La scène était vraiment surréaliste.

La télévision française

Comme tout le monde j’ai cherché le plus d’informations possible sur le séisme, les tsunami et le problème à la centrale nucléaire de Fukushima. J’ai été énormément déçu par la qualité des nouvelles françaises, à la télé d’abord mais aussi sur les grands sites de news sur internet. Toutes les images et tous les articles, du moins la majorité, présentaient une vision faussée des évènements et cherchaient visiblement à montrer uniquement le pire de chaque situation. Je n’étais déjà pas un grand fan des news française avant. J’avais entre autre connu un scénario un peu identique en 2008 quand j’habitais en Chine durant la période des manifestations anti-français. Les images qu’on voyait à la télé laissaient supposer que les français se faisaient lyncher dans la rue et j’avais même penser un temps à dire que j’étais canadien, suisse ou belge, mais j’ai finalement décidé de garder mon identité et les gens ont toujours été chaleureux avec moi partout ou j’allais, même à Pékin le coeur des soi-disantes protestations.
Cette fois les médias ont poussé le vice encore plus loin en jouant toujours plus sur le sentiment de peur et en décrivant des scènes, particulièrement à Tokyo, que je ne reconnais pas du tout et qui sont même carrément à l’opposé de la vérité dans certains cas.
Ça me déçoit énormément pour être honnête. Avec toute la technologie actuelle et le désire d’être informé des gens qui est plus grand que jamais tout le monde devrait pouvoir accéder à une information juste et de qualité.

Le départ des français

J’ai été assez étonné de voir le retour en France ou le départ dans le sud du Japon d’autant de français et d’étrangers en général. J’en veux particulièrement aux médias français et à l’ambassade de France d’avoir créer un climat de pression extrême sur les expatriés. Je ne pense pas que les japonais soient choqués de voir le départ des étrangers. Ils auraient certainement fait pareil dans un autre pays si la situation est inversée et je pense que tout le monde peut comprendre que l’on cherche à mettre sa famille à l’abri ou à s’éloigner du danger pour rassurer ses proches. Mais même si, comme je l’ai déjà dit plusieurs fois, je comprends très bien les personnes qui sont parties j’aurais aimé que les français ne cèdent pas à la panique aussi facilement et aussi rapidement. Quand on vit à l’étranger on essaye, en tout cas j’essaye, de donner une bonne image de son pays et on est fier quand la France fait parler d’elle de façon positive. Certe, vu de France le gouvernement français a peut-être rassuré certaines personnes en montrant qu’il avait les moyens de réagir en cas de crise et en montrant qu’il veut protéger chaque français même à l’étranger. Mais ici j’imagine que la réaction du gouvernement et des expatriés est surtout vue comme excéssive par beaucoup de monde.

Je le répète je ne pense pas que les japonais gardent une certaines rancoeur du départ précipité des étrangers mais celui-ci a tout de même été remarqué. Cette semaine dans le quartier français, une cliente de l’endroit où je travaille s’étonnait de voir encore un français ici et m’a fait part de sa pensé sur un ton plutôt amusé. J’aurais préféré qu’elle s’étonne plutôt de voir beaucoup de français rester. Les japonais ont réussi à montrer au monde entier qu’ils peuvent être fier d’être japonais, j’espère que, des des conditions moins dramatiques évidemment, les français pourront aussi un jour montrer aux autres qu’ils savent avoir les bonnes réactions au bon moment.

Les insultes aux expatriés

Alors qu’on est dans une période où les gens devraient comprendre que l’entraide, le sang-froid et la réflexion sont les meilleurs armes pour affronter un problème j’ai été parfois choqué de voir la réaction de certains internautes sur les sites francophones et particulièrement les insultes à l’encontre des expatriés au Japon. Certains étaient insultés parce qu’ils partaient, d’autres parce qu’ils restaient ou encore parce qu’ils exprimaient un point de vue différent de l’état d’esprit général. Heureusement ces messages se perdaient un peu un milieu des très nombreux messages de soutien et très honnêtement je ne suis pas si étonné d’avoir lu ce genre de réactions à droite et à gauche. Là encore je suis surtout déçu de l’espèce humaine si je peux dire ça comme ça. J’ai hâte que l’homme atteigne un nouveau stade d’évolution, de confort, ou d’éducation, ou il essayera par nature de comprendre son prochain plutôt que de l’insulter.

Saitama Super Arena

Alors que des dizaines ou centaines de milliers se retrouvent sans logement dans le nord-est du Japon des centaines ont trouvé refuge au Super Arena de Saitama, un genre de stade couvert. Je me suis rendu sur place avec ma femme pour voir si je pouvais aider en accueillant une famille chez moi durant un certain temps. Chose qui n’a pas été possible car les personnes vont être relogées ailleurs dans quelques jours, on ne sait par encore dans quelles conditions, et les responsables préfèrent qu’elles restent toutes au même endroit pour le moment. C’est plus facile pour les contacter, diffuser l’information, les déplacer etc.
J’ai réalisé plusieurs choses sur place. C’est la première fois que je voyais une scène de ce genre avec des centaines de personnes qui vivaient dans les couloirs de l’énorme complexe, et se genre d’expérience aide vraiment à prendre conscience de ce qui se passe. On se retrouve confronté aux images que l’on voit à la télé et la catastrophe prend un sens plus réel, plus personnel.
Cependant même si j’ai été touché, je n’ai pas été bouleversé ou choqué, j’ai même était plutôt rassuré. Je m’explique. Quand on voit les images à la télé on s’imagine le pire. Et souvent c’est pire. Je me rappelle avoir traversé le Sichuan, en Chine, juste après le grand tremblement de terre de 2008. Voir les montagnes coupées en deux sur des centaines de kilomètres et les villages totalement détruit remplacés par des camps de tentes étaient une image extrêmement frappante en vrai. À Saitama au contraire j’ai trouvé un endroit plutôt chaleureux. J’ai d’abord remarqué des cartons partout. Les couvertures et la nourriture arrivent abondamment si bien qu’on voit même des panneaux “ne donnez plus” car les volontaires ne savent plus quoi faire de ce qu’ils reçoivent. Les volontaires entre parenthèse qui étaient très nombreux et comptaient parmi eux quelques étrangers blancs. Chaque famille avait réussi à aménager son petit espace privé avec de petits murs (environ 70cm de haut) fait de carton. Les enfants avaient des jouets et s’amusaient entre eux, la nourriture et la boisson étaient en “libre service” pour les petits encas, et je crois que deux repas chauds étaient servis par jour. Des téléphones et ordinateurs étaient aussi à disposition. Et ce qui me paraissait le plus important c’est que l’endroit était bien chauffé et très calme.

Bien sûr je ne dis pas que les gens vivaient bien, souvent ils ont tout perdu et ils sont sûrement pour beaucoup dans le pire moment de leur vie. Ce qui m’a rassuré c’est la capacité d’organiser un espace vivable pour les gens aussi bien, le nombre de volontaires plutôt impressionnant et surtout le calme des gens. Mais malheureusement je pense que les victimes dans le nord du pays ne connaissent pas un hébergement aussi “confortable”.

Même la situation sur la prise en charge des victimes m’a un peu rassuré je sais que le plus gros reste à faire et que c’est à partir de maintenant que l’argent va être nécessaire pour permettre aux gens de reconstruire leur vie. C’est pourquoi je fais de petits dons régulièrement et je vous engage, si le coeur vous en dit, de faire de même si vous le pouvez. Le site de la Croix Rouge est un bon endroit pour ça.

Interview pour la télévision

Enfin la dernière chose dont je me rappellerai certainement, plus personnelle, est le fait d’avoir été interviewé pour une chaîne nationale à Akihabara. C’était ma première expérience devant une caméra. Les journalistes voulaient connaître le point de vue des étrangers sur la situation au Japon et l’image du Japon vu de l’extérieur. J’ai répondu à une bonne douzaine de questions pendant peut-être 10 minutes et en admettant que mon intervention passe à la télé je me demande bien quelle partie ils vont garder. Et j’espère que sur un sujet aussi sérieux je ne vais pas avoir l’air trop con ou un bout de salade coincé entre les dents.